Une étude récente de l’Université du Texas à El Paso apporte un éclairage nouveau dans la lutte contre le paludisme, maladie parasitaire mortelle transmise par les moustiques. Les chercheurs ont découvert que l’addition de petites quantités de savon liquide à base d’huile de lin à certains insecticides de la famille des néonicotinoïdes pouvait augmenter leur efficacité contre les moustiques vecteurs du paludisme de plus de 10 fois.
Cette avancée est cruciale car ces moustiques ont développé au cours des deux dernières décennies des résistances croissantes aux insecticides traditionnels, limitant ainsi leur efficacité. Les néonicotinoïdes représentaient un espoir dans l’arsenal insecticide, mais leur puissance insuffisante contre certaines espèces de moustiques restreignait leur utilisation.
L’approche par adjonction de savon présente plusieurs avantages prometteurs. Tout d’abord, les savons utilisés dans l’étude, à base de matières premières bon marché, sont largement disponibles en Afrique subsaharienne, région du monde la plus durement frappée par le paludisme. Cette méthode pourrait donc s’avérer économiquement abordable et facilement déployable auprès des populations exposées.
Ensuite, l’utilisation de produits courants déjà connus et utilisés dans les foyers pourrait faciliter l’adoption de cette méthode par les communautés locales. Les chercheurs explorent d’ailleurs la possibilité de développer des formulations sous forme de poudres adhésives pouvant être appliquées sans risque sur les moustiquaires.
Cependant, plusieurs inconnues demeurent. Des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer précisément l’impact sanitaire et environnemental de l’usage de ces savons insecticides, notamment en milieu habité. Les quantités optimales restent également à déterminer pour maximiser l’efficacité tout en minimisant les effets secondaires.
Au-delà des aspects scientifiques, cette approche perturbatrice interroge la dynamique des acteurs engagés dans la lutte antipaludique. Sa simplicité et son faible coût pourraient remettre en cause les stratégies coûteuses des entreprises pharmaceutiques et des politiques gouvernementales. Mais la révolution qu’elle promet dans la protection des populations vulnérables pourrait, à condition de poursuivre les efforts de recherche, rallier les décideurs autour de cette solution d’avenir alliant accessibilité, durabilité et efficacité. L’enjeu est de taille, alors que le paludisme continuait de faire près de 630 000 victimes dans le monde en 2020.