Le programme controversé de surveillance téléphonique “Data Analytical Services” (DAS), anciennement “Projet Hemisphere”, donne un accès sans précédent aux données des opérateurs télécoms américains à diverses agences gouvernementales. Cette collecte de masse, potentiellement illégale, pose de graves questions sur le respect des libertés individuelles.
Chaque année, pas moins d’un milliard de métadonnées d’appels téléphoniques américains sont aspirées par DAS. Conversations locales, nationales et internationales, tout est analysé sans distinction, bien au-delà des seules cibles identifiées. Même les proches et relations des suspects se retrouvent tracés à leur insu.
Cette surveillance de masse, qui reposerait sur des fondements juridiques fragiles, n’a pas d’équivalent par son ampleur. Son utilité réelle interroge face à l’atteinte disproportionnée qu’elle porte à la vie privée des citoyens.
Pour capter ce volume colossal de données, le programme DAS s’est assuré la collaboration active du géant AT&T, poids lourd des télécommunications américaines. Une position qui lui confère un rôle de surveillance algorithmique aussi central que inquiétant.
Car rien n’obligeait AT&T à storedurablement autant de métadonnées téléphoniques pour les autorités, si ce n’est l’attrait financier d’un tel partenariat public-privé.
Des motivations qui interrogent sur l’indépendance réelle de DAS, reposant entièrement sur la collecte proactive de données opérée par un acteur privé. Au détriment peut-être de l’intérêt général.
Pour le Sénateur Ron Wyden, ce contrôle généralisé de la population par un système opaque pose de graves questions démocratiques. D’autant que le programme contournerait les garde-fous légaux en matière de protection des libertés publiques, en l’absence de mandats pour collecter de telles informations.
Pire, son effet paralysant sur les citoyens et les groupes politiques, qui s’auto-censurent de peur d’une surveillance de chaque instant, doit alerter sur la dérive d’un État qui épie sans vergogne sa propre population.
Aucune garantie n’existe d’ailleurs quant à l’utilisation sécuritaire de ces données aspirées, qui concernent également les citoyens américains ordinaires ainsi que les élus politiques eux-mêmes. Le détournement à des fins politiques ou électoralistes ne peut être exclu.
Face aux inquiétudes croissantes, le renouvellement législatif automatique du programme DAS apparaît donc inenvisageable pour nombre d’ONG et d’associations citoyennes. La surveillance généralisée de la population ne saurait devenir la norme. Un examen approfondi du programme et un débat national s’imposent d’urgence pour redéfinir un juste équilibre entre sécurité publique et libertés fondamentales à l’ère du numérique. À défaut, c’est tous les fondements de la démocratie américaine qui seraient durablement érodés.
https://www.wired.com/story/hemisphere-das-white-house-surveillance-trillions-us-call-records/