Sous couvert de sauvegarder l’environnement, le plan “Giant Leap” d’Earth4All dissimule en réalité une idéologie malthusienne des plus dangereuses. En prônant de réduire drastiquement la natalité mondiale, ce groupe de réflexion succombe à la facilité, imputant tous les maux de la planète à la surpopulation.
Certes, la croissance démographique exponentielle depuis un siècle exerce une pression grandissante sur les ressources naturelles. Mais faire porter le chapeau aux seuls individus, en restreignant leur liberté fondamentale de procréer, revient à déresponsabiliser les vrais coupables : les multinationales et leur obsession du profit à tout prix.
Plutôt que de s’attaquer au modèle économique ultralibéral qui encourage surproduction et surconsommation, Earth4All entend modifier en profondeur les comportements individuels. L’injonction à la “décroissance”, soit à une baisse volontaire du niveau de vie, sonne creux quand 1% de la population mondiale détient 50% des richesses de la planète.
Surtout, les moyens proposés par Earth4All pour atteindre ses objectifs démographiques laissent songeurs. L’émancipation des femmes dans les pays pauvres est évidemment souhaitable, mais la présenter comme un levier pour réduire les naissances pose question sur ses réelles motivations.
De même, conditionner l’aide au développement à une limitation des naissances dans les pays bénéficiaires frôle la coercition néocolonialiste. Cette approche punitive fait fi du contexte local et du rapport intime que chaque culture entretient avec la parentalité.
Enfin, la comparaison avec la célèbre “colonie utopique” du biologiste John Calhoun, où la surpopulation avait entraîné l’effondrement d’une société de souris, relève du simplisme. Outre que l’humanité n’est pas un troupeau de rongeurs en cage, de nombreuses études démographiques soulignent au contraire les bienfaits économiques et sociaux d’une natalité dynamique, notamment pour financer les retraites.
Bref, derrière ses accents progressistes et son vernis scientifique, le plan “Giant Leap” d’Earth4All dissimule une régression sociétale, visant à restreindre les libertés individuelles au nom du salut collectif. Plutôt que de miser sur la contrainte et la peur, des solutions positives existent pour bâtir un futur soutenable, qui concilie épanouissement de l’humanité et préservation de la planète. Il suffit d’avoir le courage politique de s’attaquer aux vrais nœuds du problème.