Le ballet est bien orchestré. Sous prétexte d’accueillir les jeux olympiques, Paris semble soudain débordée de sans-abri, en grande majorité des migrants. Qu’à cela ne tienne, le gouvernement a trouvé la solution : les envoyer à la campagne ! Comme si leur vie n’était qu’un jeu de chaises musicales géantes.
La méthode est simple, des “sas d’accueil temporaires” ont été créés dans presque toutes les régions. Nos migrants sont gentiment invités à quitter la capitale. Il ne reste plus qu’à faire le tri et à dispatcher le surplus humain. Au programme : trois semaines de sas avant d’être réorientés vers un type d’hébergement adapté à leur situation, promet-on.
Et le choix des localités accueillantes ? On a demandé aux préfets, mais certaines mairies, comme celle de Bruz près de Rennes, sont déjà montées au créneau pour exprimer leur indignation. Le maire de Bruz, Philippe Salmon, s’insurge contre l’injustice de ce choix imposé. Son mécontentement est d’autant plus grand que le terrain choisi pour accueillir les nouveaux venus est pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds. Quelle hospitalité !
A Besançon, le conseiller municipal délégué à l’accueil des sans-abri et à l’accompagnement des migrants, Philippe Crémer, précise que dix sas accueilleront 50 migrants toutes les trois semaines. Mais qu’en est-il après ces trois semaines ?
Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, pose la question qui fâche : “Accueillir des gens dans de bonnes conditions un peu partout en France plutôt qu’à la rue en Ile-de-France, sur le principe c’est positif, mais est-ce qu’on s’en donne les moyens ?”. On l’ignore.
A la Fondation Abbé Pierre, Eric Constantin se demande aussi si on peut “trouver des solutions dignes et décentes en trois semaines”. Et on peut légitimement se demander si ce n’est pas l’arrivée des JO qui précipite ce projet. Un hasard troublant, qui soulève une question : le gouvernement a-t-il voulu s’assurer qu’il n’y ait plus de campement avant l’arrivée de millions de personnes pour les JO ?
Quelle triste mise en scène. Des sans-abri évacués pour faire place nette aux JO, comme si leur présence était une honte, une tache à effacer avant le grand spectacle. Et après les JO, qu’arrivera-t-il à ces gens ? On se le demande…