Le Forum économique mondial (WEF) a récemment appelé les nations occidentales à “interdire de toute urgence” l’argent liquide et à mettre en place un système de crédit social à la chinoise. Selon le WEF, cette mesure est nécessaire pour créer un système monétaire efficace, sécurisé et accessible. Cependant, certains critiques soutiennent que cette initiative ne ferait que renforcer le contrôle des banques centrales et des gouvernements sur la vie financière des individus.
Le WEF a exprimé cette demande lors de l’événement “Summer Davos” de cette semaine, exhortant les dirigeants mondiaux à accélérer la mise en œuvre des CBDC (Central Bank Digital Currency). Les CBDC sont des versions numériques des monnaies nationales, censées apporter un système monétaire efficace, sûr et accessible. Cependant, en réalité, la monnaie numérique donnera un contrôle financier total de la vie des gens aux banques centrales et aux gouvernements.
Eswar Prasad, professeur à l’Université Cornell, a souligné lors de son discours que l’argent physique est en passe de devenir une relique. Il a évoqué la dualité des CBDC, en mettant en avant leurs avantages potentiels mais aussi en mettant en garde contre les dangers possibles. Selon lui, l’un des aspects intrigants des CBDC est leur programmabilité. Les gouvernements pourraient concevoir ces monnaies numériques avec la capacité d’expirer et de dicter ce pour quoi elles peuvent ou ne peuvent pas être utilisées.
Dans un monde où votre argent a une date d’expiration ou est adapté pour permettre l’achat de certains biens tout en interdisant explicitement d’autres, le contrôle gouvernemental sur la politique économique et sociale pourrait être renforcé par la monnaie elle-même. Cela pourrait sérieusement compromettre l’intégrité et l’indépendance des banques centrales si la monnaie numérique est manipulée de cette manière.
L’abolition de l’argent liquide et l’introduction de systèmes de crédit social pourraient avoir des implications profondes pour la liberté individuelle et la vie privée. Dans un monde où chaque transaction est numérique et traçable, l’anonymat que permet l’argent liquide disparaîtrait. De plus, un système de crédit social pourrait potentiellement être utilisé pour récompenser ou punir les citoyens en fonction de leur comportement, ce qui soulève des questions éthiques et morales.
En outre, la transition vers une société sans numéraire pourrait avoir des conséquences disproportionnées sur les personnes âgées et les personnes à faible revenu qui dépendent davantage de l’argent liquide. Sans un accès facile à la technologie numérique, ces groupes pourraient être désavantagés.
Enfin, il est important de noter que la mise en œuvre d’un système de crédit social à la chinoise dans les pays occidentaux pourrait rencontrer bien heureusement une résistance significative. De nombreux citoyens pourraient voir cela comme une intrusion inacceptable dans leur vie et se révolter.