Sous le prétexte de la digitalisation et de la modernisation, les Philippines ont lancé un programme qui, à première vue, semble être une initiative louable pour aider les sans-abri. Mais en y regardant de plus près, on découvre une réalité bien plus inquiétante: une volonté manifeste de fichage et de contrôle des individus les plus vulnérables.
Le projet Oplan Pag-Abot, orchestré par le Département de la protection sociale et du développement (DSWD), prétend vouloir aider les familles, les individus et les enfants vivant dans la rue. Mais comment ? En utilisant la biométrie et en réalisant des évaluations intrusives par des travailleurs sociaux. Sous couvert d’aide, le gouvernement philippin semble en réalité chercher à ficher systématiquement ces personnes.
Les cartes d’identité délivrées par le DSWD, loin d’être un geste de reconnaissance, apparaissent comme un outil de contrôle supplémentaire. Ces cartes, qui ne sont même pas reconnues comme des “cartes d’identité émises par le gouvernement”, ne servent qu’à renforcer le fichage de ces individus déjà marginalisés.
Le secrétaire du DSWD, Rex Gatchalian, a tenté de justifier cette initiative en déclarant que ces cartes pourraient aider à valider les informations pour l’obtention d’une carte d’identité nationale. Mais n’est-ce pas là une manière détournée de contrôler encore davantage ces personnes, en les forçant à entrer dans un système qui les surveille ?
L’utilisation de la plateforme MOSIP (Modular Open Source Identity Platform) pour gérer ces données sensibles est également préoccupante.
D’autres agences gouvernementales ont promis leur soutien pour ePhilID, la version numérique de la carte PhilID. Mais au vu de la direction prise par le DSWD, peut-on vraiment leur faire confiance ?
Loin d’être une initiative altruiste, le projet Oplan Pag-Abot semble n’être qu’un moyen pour le gouvernement philippin de renforcer son contrôle sur ses citoyens les plus vulnérables, sous le masque de la bienveillance.