La ville de Nice a récemment déployé dans ses 154 écoles primaires un dispositif technologique de boutons d’alerte censés permettre une mise en relation directe avec la police municipale en cas d’intrusion dans les établissements. Présenté avec enthousiasme comme une innovation majeure pour la sécurité scolaire, ce système s’inspire directement des événements tragiques survenus à Nice en 2016.
Séduite par cette initiative, la Première ministre Élisabeth Borne envisage désormais d’étendre ce dispositif à toutes les écoles de France, avec le soutien du ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal. L’objectif annoncé est de sécuriser les établissements scolaires, suite aux récents drames.
Pourtant, derrière la communication politique sur cette technologie miracle, de nombreuses critiques s’élèvent. Certains y voient avant tout un effet d’annonce, une façon de rassurer les parents en donnant l’illusion de la sécurité grâce à la technologie, plus qu’une réelle avancée.
Les détracteurs soulignent que les vrais problèmes ne se résoudront pas par la simple installation de boutons: ceux-ci serviront-ils vraiment à prévenir les drames ? Ne risquent-ils pas de créer un climat anxiogène dans les écoles transformées en forteresses? Surtout, ne font-ils pas oublier que la sécurité des élèves nécessite des mesures bien plus larges, touchant aux causes profondes de la violence?
Bref, si ces boutons d’alerte représentent indéniablement un progrès technologique, leur efficacité réelle est remise en cause. Le risque est grand de croire qu’ils constituent LA solution miracle, alors que les défis sont multiples: formation des enseignants, prise en charge psychologique, lutte contre les discriminations, contre le harcèlement, etc.
Il ne s’agit pas de nier l’intérêt de renforcer la sécurité matérielle des établissements. Mais cela ne saurait dispenser de réformes en profondeur du système éducatif. Faute de quoi les boutons d’alertes ne seront que des gadgets high-tech apposés en façade d’un édifice branlant.
Au final, plutôt que de céder à la tentation technophile, l’enjeu est de replacer l’élève au coeur des politiques scolaires. Les réponses aux violences doivent combiner exigence de sécurité et ambition éducative. Il serait dommage que les boutons connectés occultent cette réflexion de fond, au risque de n’être que de la poudre aux yeux.
- Sécurité dans les écoles : l’exemple des « boutons d’appel » de Nice – Le Parisien
- Des bornes d’appel d’urgence pour sécuriser les établissements scolaires – Ville de Nice
- À quoi pourraient ressembler « les boutons d’appel » contre les attentats dans les écoles? – BFMTV