Les Jeux Olympiques sont censés incarner les valeurs de fraternité et de rassemblement autour du sport. Pourtant, l’organisation des JO 2024 à Paris laisse entrevoir un tout autre visage : celui d’une France sous haute surveillance, où les libertés individuelles sont restreintes au nom de la sécurité.
Première restriction en date : l’instauration de périmètres de circulation réservés aux détenteurs de QR codes personnels. Concrètement, résidents, visiteurs et touristes voulant accéder à certaines zones de la capitale devront s’inscrire sur une plateforme numérique et fournir leurs données personnelles. En échange, ils se verront délivrer un précieux sésame, prouvant aux forces de l’ordre qu’ils ont le “droit” de se rendre dans ces quartiers olympiques. Un dispositif qui rappelle furieusement les attestations de sortie du confinement…sauf que cette fois, elles deviennent la norme.
Autre technologie phare de ce JO sécuritaire : la vidéosurveillance algorithmique. Concrètement, un maillage de caméras ultra-sophistiquées, capables de détecter “en temps réel” des “comportements suspects”. Des algorithmes scanneront ainsi chaque mouvement de foule, chaque rassemblement, chaque bagage abandonné. La reconnaissance faciale a beau avoir été écartée pour l’instant, le principe reste le même : une surveillance de masse généralisée, digne d’un épisode de Black Mirror.
Même constat pour les prix prohibitifs des transports en commun. Officiellement, il s’agit de financer le renforcement du réseau. Mais à 4 euros le ticket de métro ou 70 euros la semaine de transport, difficile de ne pas y voir une volonté délibérée d’exclure les classes populaires et les marginaux des abords des sites olympiques. Un tri social assumé pour offrir aux VIP et aux touristes aisés le spectacle rassurant d’une capitale aseptisée.
Dans le même esprit, les symboliques bouquinistes des quais de Seine ont reçu leur lettre de convocation, sommés de plier bagage le temps des cérémonies. La préfecture invoque des risques de dissimulation d’explosifs ou d’accident avec la foule. Mais comment ne pas interpréter ce déguerpissement comme celui d’indésirables ne correspondant pas à l’image léchée qu’entend donner Paris ?
Face à ce déploiement tentaculaire de technologies de pointe au service du contrôle social, une question se pose : ces mesures exceptionnelles sont-elles vraiment temporaires ? Ou les JO ne servent-ils que de prétexte pour instaurer en catimini un véritable Etat surveillance ?
De nombreuses voix dénoncent ce risque de banalisation. Et surtout l’illusion qu’il serait possible de garantir une sécurité totale, quitte à restreindre les libertés individuelles. Car derrière la promesse séduisante d’une fête olympique préservée de toute menace, c’est bien la vision inquiétante d’une France orwellienne qui se profile.