La condamnation à cinq ans et demi de prison infligée le 16 décembre 2023 au Cardinal Giovanni Angelo Becciu pour fraude financière a provoqué un séisme au sein des murs sacrés du Vatican. Cette sentence, acte ultime d’un procès houleux centré sur l’acquisition opaque d’un immeuble londonien, soulève en filigrane la question cruciale de l’efficacité réelle des réformes entreprises par le Pape François pour assainir les finances du Saint-Siège.
Jadis figure incontournable de la Curie romaine et proche conseiller du Saint-Père, Becciu cristallise désormais le plus retentissant scandale financier de l’histoire de l’Eglise. La mise au jour de ses turpitudes entache la gouvernance de François et sème le trouble quant à la portée concrète des mesures de transparence engagées depuis son élection.
Certes, le Pontife argentin a multiplié les gages de bonne volonté économique, créant un Secrétariat ad hoc et fermant plusieurs comptes opaques. Mais ces réformes comptables, si elles firent bonne impression, n’auront été que cautères sur jambes de bois, inaptes à changer une culture séculaire de corruption et de népotisme.
La chute de Becciu, aussi retentissante soit-elle, ne saurait faire oublier que d’autres brebis galeuses demeurent sans doute en poste, ayant toléré ou tiré profit de telles exactions. Dès lors, François et ses plus proches collaborateurs ont-ils véritablement la volonté ou la capacité de mener la révolution en profondeur qu’appelle une Curie gangrenée ? Le refus d’une introspection implacable et transparente au sein de toute la hiérarchie ecclésiale laisse planer un doute majeur quand à l’engagement réel du Saint-Siège à éradiquer le fléau de la corruption.