Une entreprise suisse nommée “Final Spark” (rien que le nom fait froid dans le dos) a eu la brillante idée de créer un “bioordinateur” hybride qui combine des mini-cerveaux humains cultivés en laboratoire avec des circuits électroniques conventionnels[1][2].
Ces mini-cerveaux, appelés “organoïdes”, sont créés à partir de cellules souches dérivées de tissus cutanés humains[1]. 16 de ces organoïdes sphériques sont utilisés pour faire fonctionner le système, pompeusement baptisé “Neuroplatform”. Les scientifiques de Final Spark se réjouissent car leur invention consomme soi-disant “une fraction de l’énergie nécessaire pour alimenter une configuration traditionnelle”[1].
Car voyez-vous, ces mini-cerveaux humains ont la fâcheuse tendance à s’user et à mourir rapidement, obligeant les scientifiques à en cultiver sans cesse de nouveaux pour les remplacer. Chaque organoïde est composé d’environ 10 000 neurones vivants, maintenus en vie par un “système microfluidique qui fournit de l’eau et des nutriments aux cellules”. Pendant leur courte vie, ces mini-cerveaux sont littéralement dressés pour effectuer certaines tâches, via un système de récompense et de punition digne des pires dystopies[1].
S’ils obéissent bien, ils sont récompensés par des décharges de dopamine, le neurotransmetteur du plaisir. Mais gare à eux s’ils ne font pas ce qu’on attend d’eux ! Ils sont alors exposés à des “stimuli chaotiques” sous forme d’activité électrique irrégulière[1]. En d’autres termes, ces mini-cerveaux humains sont torturés jusqu’à ce qu’ils apprennent à obéir. Un traitement qui n’est pas sans rappeler celui réservé aux humains dans le film Matrix.
Final Spark se vante que ses organoïdes consomment “un million de fois moins d’énergie que leurs équivalents en silicium”[2]. L’entreprise espère que sa nouvelle “technologie” (entre guillemets, car le terme est très mal choisi) deviendra la principale source d’énergie de la révolution de l’IA[2]. Parce qu’actuellement, l’entraînement des modèles d’IA consomme une quantité colossale d’énergie conventionnelle[2].
Alors certes, remplacer les puces en silicium par des biopuces pourrait permettre de drastiques économies d’énergie. Au prix de l’asservissement et de la torture de mini-cerveaux humains, condamnés à trimer jusqu’à l’épuisement pour satisfaire notre soif inextinguible de puissance de calcul et d’intelligence artificielle.
Les créateurs de la “Neuroplatform” insistent sur le fait que tout ceci est parfaitement acceptable car les mini-cerveaux ne seraient pas des êtres sensibles[2]. Permettez-moi d’en douter.
…
[0]https://www.zerohedge.com/technology/they-are-using-lab-grown-human-brains-called-organoids-run-computers
[1] https://www.nature.com/articles/d41586-023-03975-7
[2] https://www.science.org/content/article/scientists-fuse-human-brain-cells-electronic-circuits-and-make-it-think
[3] https://www.sciencedaily.com/releases/2024/04/240410112224.htm
[4] https://www.psychiatrist.com/news/dutch-scientists-grow-mini-brains-in-the-lab/
[5] https://newsroom.ucla.edu/releases/making-mini-brain-organoids-brainier