Alors que le monde s’efforce d’accélérer la transition vers les énergies propres, un paradoxe émerge entre la consommation persistante de charbon et la demande croissante en nickel. En effet, la hausse conjointe observée en 2023 de ces deux ressources soulève des questions sur la cohérence des politiques énergétiques et environnementales.
Tout d’abord, comment expliquer le nouveau record de consommation de charbon observé en 2023 ? Avec une hausse globale portée par l’Asie, notamment la Chine (+4,9%), l’Inde (+8%) et l’Indonésie (+11%), la résurgence du charbon semble directement liée aux besoins énergétiques des pays en développement. Mais les États les plus avancés ne sont pas en reste, loin de là. En dépit des objectifs de décarbonation, persisterait-il une dépendance tenace envers le charbon y compris dans les applications industrielles ? La transition énergétique serait-elle moins avancée que prévu ?
Parallèlement, comment comprendre l’envolée de la production de nickel attendue à +11,5% en 2023 ? Indispensable aux batteries électriques, le nickel est un métal stratégique pour décarboner les transports. Sa production accrue répond à l’explosion de la demande des constructeurs automobiles. Cependant, l’extraction minière du nickel génère d’importantes émissions de CO2. Son bilan environnemental global est-il vraiment positif ? Son usage massif est-il viable sur le long terme compte tenu des réserves limitées ?
Surtout, le lien entre ces deux phénomènes frôle l’absurde. En poussant la production de nickel pour fabriquer ses précieuses batteries vertes, l’humanité alimenterait-elle indirectement ce contre quoi elle prétend lutter ? Ce serait comique si les conséquences n’étaient pas si graves. Imaginez un instant des voitures électriques rechargeant leurs batteries nécessistant du nickel (et donc du charbon) entre deux sommets sur le climat, pendant que leurs constructeurs auto-congratulatoires applaudissent la baisse des émissions de leurs véhicules… pardon, de leurs véhicules uniquement ! Voilà le scénario surréaliste qui se dessine.
Pire encore, cette situation totalement paradoxale où les batteries électriques stimuleraient la consommation de charbon, et donc les émissions de CO2, remettrait en cause toutes les stratégies de décarbonation. Après des années de promesses vertes et de grands discours, nos dirigeants réaliseraient avec effroi que leurs belles politiques basées sur le véhicule propre alimentent en realité le réchauffement climatique au lieu de le freiner ! On croit rêver…