Au CHU de Nantes, un pansement révolutionnaire à base d’hémoglobine de vers marins vient de sauver la vie d’un patient brûlé à 85% en permettant une cicatrisation prodigieuse. Ce traitement expérimental souligne le potentiel d’innovations biomédicales venues du monde marin, mais révèle aussi les défis complexes entourant leur déploiement médical et commercial.
Tout commence par une découverte biologique exceptionnelle : le sang des arénicoles, des vers présents sur les côtes atlantiques, transporte jusqu’à 40 fois plus d’oxygène que celui des humains ! Ce record est permis par des protéines respiratoires uniques capables de fixer et délivrer très efficacement l’oxygène aux tissus. Le Dr Franck Zal, chercheur nantais, a l’idée d’exploiter cette capacité hors norme pour créer un pansement capable de littéralement « resceller » les tissus lésés.
Au CHU de Nantes, ce pansement d’un nouveau genre fait des miracles sur un patient brûlé à 85% de la surface corporelle. En apportant une quantité massive d’oxygène au niveau des plaies, il stimule une repousse et une cicatrisation spectaculaires évitant le recours à des greffes cutanées. Un espoir pour les grands brûlés, qui suscite l’intérêt des médecins du monde entier. Mais ce succès médiatique ne doit pas occulter les défis posés par cette innovation.
Car ce traitement novateur n’est pas encore autorisé sur le marché. Son utilisation à Nantes a requis une dérogation exceptionnelle des autorités sanitaires. Un feu vert au compte-goutte qui s’explique par la nature sans précédent de cette thérapie, mais qui frustre son inventeur, le Dr Zal, face à la lenteur administrative. Ce contrôle drastique vise certes à protéger les patients, mais traduit peut-être aussi une frilosité des acteurs établis de l’industrie pharmaceutique face à l’émergence de technologies potentiellement disruptives menaçant leurs intérêts.
Plus largement, des enjeux éthiques soulignent la nécessité d’encadrer strictement l’utilisation médicale des ressources issues du monde vivant marin, afin de prévenir tout impact négatif sur ces écosystèmes fragiles.
Bref, l’odyssée médicale de cette innovation thérapeutique nantaise est loin d’être achevée. Mais si prudence et réflexion éthique l’accompagnent, nul doute que ce type de solutions inspirées du génie biologique marin recèle encore bien des trésors pour la médecine de demain.