La mort de Joël Sternheimer, fin décembre, prive la communauté scientifique d’une figure singulière, à la fois physicien de haute volée et mélomane passionné. Ce pionnier infatigable était à l’origine de la « génodique », approche révolutionnaire située aux confins de la génétique et de la musique. Selon sa théorie, les acides aminés émettent, durant la synthèse protéique, des fréquences sonores associées à chaque protéine. Ces « protéodies » sont susceptibles de stimuler ou d’inhiber l’expression génétique.
Une technologie qui a déjà fait ses preuves sur le terrain : plus de 130 agriculteurs l’ont adoptée avec succès pour accroître leurs rendements et renforcer la résistance des cultures. Les études menées en Suisse ont également révélé des résultats spectaculaires en conditions de stress hydrique. Pour autant, la génodique peine encore à s’imposer face aux approches conventionnelles. Beaucoup d’institutions rechignent à valider une démarche à ce point novatrice et décloisonnée.
Au-delà de ses retombées agronomiques, la quête de Sternheimer traduit une recherche patiente d’harmonie entre science et art. Enfant, la physique quantique le passionne autant que le piano qu’il pratique assidûment. Ses deux amours fusionnent lorsqu’il découvre que l’ADN vibre, tout comme les cordes de son instrument. Dès lors, il n’aura de cesse d’explorer les correspondances entre ces deux langages, l’un codé, l’autre sensible.
Mais derrière la poésie du propos, la génodique recèle aussi un fort potentiel de disruption économique et politique. En proposant une alternative crédible aux intrants chimiques, elle menace directement les géants de l’agrochimie, piliers du modèle agricole productiviste. Le développement commercial de cette technologie par la société Genodics annonce de profonds bouleversements, susceptibles de rencontrer de farouches résistances.
La pensée de Sternheimer nous invite à une réconciliation du rationnel et de l’intuitif, du cérébral et du corporel. À l’image des acides aminés qui dansent avant de former les briques de la vie, la science y côtoie la poésie, le quantifiable dialogue avec l’indicible. En nous quittant, ce visionnaire nous lègue bien plus qu’un procédé ingénieux : toute une conception du vivant comme système vibratoire sensible à la musique des sphères. À nous désormais d’affiner notre écoute et de décrypter l’étrange mélodie qui sourd de chaque être… La génodique n’était peut-être encore qu’un prélude qu’il nous revient à présent de prolonger, pour mieux harmoniser nos rapports au monde.
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https://www.musiquedesplantes.fr/genodics