La décision historique prise à la COP28 de créer un fonds pour les « pertes et dommages » liés au changement climatique dans les pays vulnérables pourrait ouvrir la porte à un chantage permanent ainsi qu’à du blanchiment d’argent de la part des pays européens.
Certes, ce fonds était nécessaire pour aider les pays du Sud à faire face aux impacts dévastateurs du dérèglement climatique, pour lesquels ils ne sont que très peu responsables. Cependant, le diable se cache dans les détails. Ce fonds n’est pas basé sur la responsabilité climatique des pays pollueurs mais sur la solidarité et la charité. Dès lors, il ouvre la possibilité d’instrumentaliser l’aide au développement à des fins politiques ou financières peu avouables.
On le sait, l’aide internationale est trop souvent détournée par des régimes autoritaires et corrompus. Ce nouveau fonds climat, dont le montant précis reste à définir, sera une manne considérable pour certains dictateurs qui n’hésiteront pas à siphonner l’argent ou à l’utiliser pour asseoir leur pouvoir. Pire, ils pourront faire chanter les pays donateurs et conditionner leur coopération géopolitique ou migratoire contre quelques milliards supplémentaires.
C’est d’autant plus vrai que les critères d’attribution de cette aide climat sont flous. Les pays donateurs, notamment européens, qui sont aux premiers rangs pour l’alimenter manquent de moyens de contrôle sur l’utilisation finale des fonds.
Certes, il était temps que les pays industrialisés payent leur dette climatique envers les victimes innocentes du Sud. Néanmoins, ce fonds ouvre la voie à une nouvelle ère de clientélisme international par le climat. Les Européens, en quête perpétuelle d’une bonne conscience écologique à bon marché, risquent même d’en profiter pour blanchir une partie de leur argent sale à travers des paradis fiscaux complices de certains régimes autocrates.
Sous couvert de générosité climatique, l’argent injecté dans ce fonds pourrait servir à alimenter des circuits financiers mafieux permettant de recycler des capitaux d’origines douteuses. Au lieu d’aider réellement les populations vulnérables, ces milliards serviront en partie à engraisser des kleptocrates déjà richissimes.
On peut craindre que des milliards d’euros et de dollars soient gaspillés dans des trous noirs administratifs et corrompus, ou pire, pour financer des activités criminelles. Cela risque non seulement de discréditer l’action climatique internationale mais aussi d’alimenter l’instabilité économique et politique dans des régions déjà fragiles.
Cette décision historique est une potentielle boîte de Pandore climato-financière dont les conséquences néfastes mettront des années à être contenues. Elle souligne le manque de maturité des institutions internationales pour gérer des enjeux d’une telle ampleur. Elle est digne d’une mafia, littéralement.