Voilà que les gouvernements européens, dans une frénésie d’espionnage, envisagent de mettre les journalistes sous surveillance. . Les mêmes journalistes qui sont censés être les gardiens de nos démocraties sont maintenant considérés comme une menace à la sécurité nationale.
Selon des documents consultés par Investigate Europe, des pays comme la France, l’Allemagne et les Pays-Bas font pression pour une exemption dans la nouvelle loi européenne qui donnerait aux États le pouvoir de surveiller les communications électroniques des journalistes. Et tout cela au nom de la “sécurité nationale”, cet argument passe-partout qui justifie toutes les dérives !
Il y a deux ans, une enquête conjointe menée par des médias, dont le Guardian, Le Monde et le Washington Post, a révélé comment des acteurs étatiques dans plusieurs pays avaient utilisé le logiciel espion Pegasus contre des citoyens, y compris des journalistes en Hongrie et ailleurs. En Grèce, il a été révélé l’année dernière que plusieurs journalistes avaient été ciblés, prétendument par l’État, via la technologie d’espionnage Predator. En Espagne, les autorités auraient utilisé des logiciels espions contre des journalistes couvrant le mouvement indépendantiste catalan.
Et que font les gouvernements européens face à ces révélations ? Ils semblent peu préoccupés par les inquiétudes du Parlement européen. Les gouvernements de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la République tchèque, du Luxembourg et de la Grèce ont explicitement soutenu la demande française d’une exception de sécurité nationale à l’article 4, selon le rapport diplomatique allemand du groupe de travail compétent du Conseil, le 17 avril. Aucun autre représentant des gouvernements de l’UE n’a objecté. Par conséquent, le gouvernement suédois, qui préside actuellement le Conseil, a ajouté un paragraphe dans la dernière version du projet de loi stipulant que l’article 4 “ne porte pas atteinte à la responsabilité des États membres en matière de sauvegarde de la sécurité nationale”.
En clair, les gouvernements européens semblent prêts à sacrifier la liberté de la presse sur l’autel de la sécurité nationale. Et pendant ce temps, les journalistes, ces sentinelles de nos démocraties, se retrouvent dans le viseur de ceux qu’ils sont censés surveiller…