Afrique du sud : capitale paralysée, quand les taxis dictent la loi

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La grande ville sud-africaine du Cap est en proie à une paralysie sans précédent. La cause ? Une grève des taxis collectifs qui a débuté jeudi dernier. Ces minibus, véritables artères de la mobilité pour des millions de Sud-Africains de la classe ouvrière, ont cessé de fonctionner, laissant des milliers d’usagers dans l’impasse.

Lundi, la situation a atteint un point critique. La route menant à l’aéroport du Cap a été bloquée, et le bilan s’alourdit : deux morts ont été recensés. L’un d’entre eux a tragiquement perdu la vie sur cette même route, victime de jets de pierres, tandis que trois autres personnes ont été blessées. La police a également rapporté le décès d’un de ses agents, abattu lors d’une patrouille à une vingtaine de kilomètres du Cap. Bien que les circonstances exactes restent floues, la police n’écarte pas la possibilité que cette attaque soit liée à la grève en cours.

Face à cette situation chaotique, le Haut-commissariat britannique en Afrique du Sud a émis un avertissement sur Facebook, conseillant aux voyageurs de différer leurs déplacements vers et depuis l’aéroport du Cap. Le message met en garde contre les itinéraires suggérés par les GPS, qui pourraient conduire les usagers vers des zones à risque ou des lieux de protestation.

Au cœur de cette agitation se trouve le Conseil national sud-africain des taxis (Santaco). Il dénonce un nouveau règlement municipal donnant le pouvoir de saisir les véhicules pour diverses infractions, notamment la conduite sans permis ou la surcharge. La tension est montée d’un cran après la saisie de 15 minibus mardi dernier. Le Santaco a déclaré que 6000 véhicules avaient été saisis depuis le début de l’année, le poussant ainsi à appeler à la grève.

Les autorités locales, quant à elles, ont dénoncé un certain degré de préméditation dans les actes de violence observés. Elles rapportent des incendies de véhicules publics, des détournements, ainsi que des attaques contre des véhicules privés. Suite à l’échec des négociations avec le Santaco, la municipalité a annoncé que la grève se poursuivrait jusqu’à mercredi.

La situation au Cap est un reflet poignant des tensions sous-jacentes et des défis auxquels est confrontée l’Afrique du Sud moderne. Une grève de taxis, qui aurait pu être un simple mouvement de protestation, a déclenché une cascade d’événements tragiques, mettant en lumière les fractures profondes de la société sud-africaine.

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