C’est la dernière danse de notre cher Bruno Le Maire, qui n’a jamais été aussi généreux avec l’argent public. Il a, en effet, trouvé l’idée lumineuse d’offrir la modique somme de 2,9 milliards d’euros à STMicroelectronics pour l’expansion de son usine de Crolles. Une grande bouffée d’air frais pour notre économie nationale, vous vous dites ? Laissez-moi rire.
Certes, ces fonds créeront un millier d’emplois, soit l’équivalent de… Attendez que je calcule… Exactement 2,9 millions d’euros par poste ! Une paille. Mieux vaut en rire…
Ce qui rend la farce encore plus délectable, c’est que malgré cette manne financière tombée du ciel, STMicroelectronics n’a pas jugé bon d’installer son siège opérationnel en France. Mais non, la Suisse et les Pays-Bas sont bien plus accueillants. Qui ne rêverait pas de se prélasser dans ces “pays de l’optimisation fiscale des multinationales”, pour reprendre l’expression de nos amis Guillén et Peyret.
Pendant que nos dirigeants se gargarisent de ces investissements soi-disant stratégiques, STMicroelectronics joue à cache-cache avec le fisc. Mais pas de soucis, Bruno, les Français comprendront. Après tout, ce n’est que leur argent que vous distribuez à tout-va.
Laissons tout de même une chance à STMicroelectronics. Peut-être que cet argent servira à faire de véritables miracles économiques, à transformer Crolles en Silicon Valley française. Ou peut-être que nous assisterons simplement à une autre pantomime financière. Quel suspense !
Voici donc pour vous la nouvelle fable de notre époque : celle de l’État qui croyait pouvoir acheter le progrès à coup de milliards. Une histoire à raconter à nos enfants, pour leur apprendre comment on gaspille l’argent public. Dans l’espoir qu’ils ne reproduisent pas les mêmes erreurs.
https://www.monde-diplomatique.fr/2023/06/GUILLEN/65863