Dans un tour de force scientifique qui frise l’absurde, des chercheurs ont réussi à ressusciter un ver rond, ou nématode, qui a passé 46 000 ans congelé dans le permafrost sibérien. Ces micro-organismes parasitaires semblent avoir survécu en entrant dans un état appelé cryptobiose, où ils réduisent leur métabolisme à des niveaux extrêmement bas pour résister à des conditions extrêmes. En d’autres termes, ces vers étaient littéralement congelés dans le temps.
Les chercheurs ont calculé l’âge des nématodes en datant au radiocarbone du matériel végétal également trouvé dans le permafrost. Ils ont déterminé que les organismes sont membres d’une espèce jusqu’alors inconnue, qu’ils ont baptisée Panagrolaimus kolymaensis, d’après la rivière Kolyma près du site où les vers ont été trouvés.
Ces vers sont-ils vraiment vivants ? Selon Philipp Schiffer, co-auteur de l’étude, ils sont vivants car ils se déplacent, mangent des bactéries sur les plaques de culture et se reproduisent. Cependant, Byron Adams, un biologiste non impliqué dans l’étude, met en doute l’âge des parasites. Selon lui, l’étude ne confirme que l’âge du matériel végétal environnant, pas celui des vers eux-mêmes.
Les chercheurs ont appris davantage sur les vers en en produisant plus de 100 générations en laboratoire. Comme d’autres espèces de Panagrolaimus, la nouvelle espèce découverte se reproduit de manière asexuée par parthénogenèse et possède trois ensembles complets de chromosomes, au lieu des deux habituels.
Alors, que faut-il penser de tout cela ? D’un côté, il y a l’émerveillement face à la résilience de la vie et la possibilité d’étudier une espèce qui a survécu à une époque où les mammouths laineux et les tigres à dents de sabre parcouraient encore la Terre. D’un autre côté, il y a le scepticisme face à une science qui semble parfois plus intéressée par la possibilité de faire quelque chose que par la question de savoir si elle devrait le faire.