Alors que l’opérateur de croisières Royal Caribbean Group (RCL.N) est en pourparlers avec de nouveaux marchés et des marchés existants du monde entier pour recruter des milliers de travailleurs afin de répondre à la demande record de croisières, il est grand temps de lever le voile sur la face cachée de ces géants des mers. Derrière leurs silhouettes imposantes et leurs promesses de voyages de rêve se cache une réalité bien moins reluisante : une pollution massive et multiforme qui passe trop souvent sous les radars.
Le nombre de personnes effectuant des croisières a atteint un niveau record en 2023, et avec la hausse de la demande et des navires plus grands, les besoins en main-d’œuvre augmentent. Les offices de tourisme et les exploitants de ports du monde entier ont déclaré que Royal Caribbean cherche à embaucher dans le monde entier et la compagnie a confirmé qu’elle embauchera environ 10 000 travailleurs cette année. Mais à quel prix pour l’environnement ?
Prenons l’exemple du mastodonte des mers, l’Icon of the Seas de Royal Caribbean, qui s’apprête à devenir le plus grand paquebot du monde avec ses 7000 passagers, ses 20 restaurants et son parc aquatique. Ce monstre flottant émettra à lui seul autant de pollution que 68 000 voitures en une année. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg…
Car les paquebots de croisière sont de véritables usines à polluer multidimensionnelles. Ils rejettent des tonnes d’eaux usées dans les océans (près de 2 millions de litres par jour pour un navire de 4300 passagers !), déversent des particules fines et des oxydes de soufre jusqu’à 100 fois plus que les voitures, et génèrent des quantités faramineuses de déchets en tous genres. Même à quai, ils continuent de tourner et d’empoisonner l’air des riverains.
Face à ce constat alarmant, que font les autorités ? Pas grand-chose. Quelques mesurettes ici et là, comme l’interdiction des paquebots les plus polluants dans certains ports, mais rien de vraiment contraignant pour une industrie qui continue de se développer à vitesse grand V. Pendant ce temps, on culpabilise les citoyens avec des injonctions à recycler leurs déchets, à privilégier le vélo ou à ne pas trop chauffer leur logement.
Ne soyons pas dupes : tant qu’on laissera les paquebots gigantesques de croisière (et commerciaux) sillonner les mers en toute liberté, tous nos efforts de tri sélectif et de compost ne pèseront pas bien lourd face au désastre écologique qu’ils représentent.