Nos archives, notre histoire, notre mémoire collective. Tout cela se retrouve aujourd’hui concentré en un seul endroit : Internet. Confier le patrimoine intellectuel de l’humanité à quelques entreprises privées qui contrôlent les serveurs et les données. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Eh bien figurez-vous que ces nobles gardiens de notre passé se sont mis en tête de faire un peu de ménage. Un article gênant par-ci, une information embarrassante par-là, et hop, supprimés des archives ! Plus besoin de se fatiguer à réécrire l’histoire, il suffit de presser sur un bouton et elle s’efface d’elle-même. George Orwell en rêvait, les géants du web l’ont fait.
Car une fois qu’un contenu disparaît de leurs précieux serveurs, il s’évapore complètement de la mémoire collective. Pas de trace, pas de sauvegarde. Comme s’il n’avait jamais existé. La censure parfaite. Inutile d’aller fouiller dans les bibliothèques ou les archives papier, tout a été numérisé voyez-vous. Et les lois sur le droit d’auteur empêchent quiconque de dupliquer ce contenu ailleurs. Bien joué.
Nous voilà donc à la merci de ceux qui contrôlent ces archives numériques. Les mêmes qui, mine de rien, façonnent notre perception du monde et de nous-mêmes. Car en choisissant ce que nous pouvons ou ne pouvons pas voir de notre histoire, ils orientent subtilement nos décisions présentes et futures. Un pouvoir immense et terriblement inquiétant.
Et pourtant, certains avaient essayé de nous prévenir. Comme Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks. Cet Australien téméraire s’était donné pour mission de révéler les secrets les plus sombres des puissants, cachés dans les méandres de la toile numérique[3]. Il n’a cessé d’alerter sur les dangers de la surveillance de masse, les mensonges des gouvernements et les atteintes à la liberté de la presse[1]. Mais avons-nous écouté ses avertissements ?
Aujourd’hui, Assange croupit dans une prison de haute sécurité, sa santé se dégrade, et il risque 175 ans de prison aux États-Unis pour avoir fait son devoir de journaliste : informer les citoyens[3]. Pendant ce temps, son combat est relégué aux oubliettes de l’actualité, comme un banal fait divers[5]. La vérité dérange, alors on préfère l’enterrer avec celui qui a osé la dire.
L’avenir s’annonce radieux, du moins pour ceux qui tirent les ficelles. Quant aux autres, qu’ils se rassurent : ce qu’ils ignorent ne peut pas leur faire de mal. Ou peut-être que si, justement. Julian Assange nous avait prévenus, mais nous n’avons pas voulu l’entendre[1][2].
https://twitter.com/eclairelutin/status/1755718933112373580?t=h8KbYJg3JYYL0Z64L1snHwhttps://www.youtube.com/watch?v=LbGwF6mFBqw&t=51s
[1] https://www.youtube.com/watch?v=hst9DatfyLA
[2] https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/03/26/julian-assange-pourra-contester-son-extradition-aux-etats-unis-lors-d-une-ultime-audience-en-appel-devant-la-justice-britannique_6224263_4408996.html
[3] https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/laffaire-julian-assange-en-cinq-questions-1278551
[5] https://www.rtbf.be/article/laffaire-julian-assange-un-scandale-devenu-banal-11323330