Dans le monde des médias, l’ironie et la satire sont souvent des outils utilisés pour critiquer et mettre en lumière les problèmes de notre société. Mais que se passe-t-il lorsque ces outils sont utilisés pour critiquer les médias eux-mêmes ? Eh bien, si vous êtes Bruno Donnet, journaliste à Europe 1, vous vous retrouvez sans emploi.
Donnet, connu pour ses chroniques quotidiennes dans l’émission « Culture médias« , a été remercié par la direction d’Europe 1 après une chronique un peu trop impertinente sur Pascal Praud, figure de proue de CNews. Le 16 juin 2023, Donnet a mis en lumière « l’équilibre des temps de parole des politiques à la télévision » et a critiqué Praud, qui est courtisé par la radio depuis des semaines.
Dans sa chronique, Donnet a ironisé sur le fait que Praud avait eu un « problème » deux jours plus tôt, déplorant ne pas être en mesure de diffuser un extrait d’une interview de Marion Maréchal. Pourquoi ? Parce que cela aurait fait « exploser les compteurs » du temps de parole d’Éric Zemmour et de ses soutiens. Praud a regretté de ne pas avoir cette « liberté » de diffuser l’extrait, ce qui a amené Donnet à rappeler les règles du jeu sur le temps d’antenne des groupes politiques hors période électorale.
Mais la critique de Donnet ne s’est pas arrêtée là. Il a souligné que Praud ne pouvait pas diffuser tous les jours les points de vue de Marion Maréchal et a conclu sa chronique en ironisant sur le fait que sur CNews, en termes de temps de parole d’Éric Zemmour et de ses soutiens, on « explose les compteurs« .
Cette chronique a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour la direction d’Europe 1. Ils ont jugé que la chronique de Donnet pourrait entraver la stratégie du groupe Vivendi et le transfert de Pascal Praud de RTL à Europe 1 la saison prochaine. En conséquence, la chronique de Donnet a été effacée du site internet de la radio et il a été invité à quitter Europe 1.
Ce n’est pas la première fois que Donnet se retrouve dans une situation délicate. En novembre 2022, il s’est intéressé à la procédure judiciaire qui empêchait Mediapart de publier un article sur les pratiques politiques du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau. Il semble que la liberté d’expression chez Bolloré ait ses limites.