Dans un pays où les maisons vides se multiplient comme des petits pains, le Japon fait face à un nouveau phénomène : les étrangers qui s’arrachent les “akiya“, ces habitations abandonnées vendues pour une bouchée de pain, voire offertes gracieusement. Mais que cache cette affaire trop belle pour être vraie ?
Stuart Galbraith, par exemple, s’est emparé d’une de ces vieilles bâtisses pour le prix d’une BMW. Oui, vous avez bien lu, le coût d’une voiture allemande. On croirait rêver, ou plutôt cauchemarder, car ces maisons sont souvent dans un état déplorable.
Certains diront que c’est une aubaine pour ces étrangers sans scrupules qui cherchent à profiter de la situation délicate du Japon. Un pays qui, à bout de souffle, ne sait plus comment se débarrasser de ces huit millions d’akiya abandonnées. Faut-il blâmer ces opportunistes ? Ou s’attrister du sort de ces maisons qui finiront peut-être en décombres, faute d’acheteurs ?
L’ironie du sort, c’est que ces étrangers semblent voir en ces ruines un potentiel que les Japonais ont oublié. Pourquoi s’évertuer à préserver ces bâtisses traditionnelles, disent-ils, alors que l’on peut les racheter pour une somme dérisoire et les restaurer à moindre coût ? À en croire Stuart Galbraith , il suffirait de débourser le prix d’une autre BMW pour redonner vie à ces vestiges du passé.
Mais cette mode ne serait-elle pas une simple lubie passagère ? Après tout, les Japonais ne sont pas dupes : ces akiya, souvent sombres et froides, n’attirent guère les foules. Alors pourquoi ces étrangers s’entêtent-ils à vouloir restaurer ce qui semble condamné ?
Peut-être faut-il chercher la réponse du côté des réseaux sociaux, où ces nouveaux propriétaires trouvent un écho à leurs délires de grandeur. Entre les vidéos YouTube vantant les mérites de ces maisons et les conférences organisées pour vanter leur potentiel, on se demande si l’akiya n’est pas devenu un simple outil de marketing pour ces opportunistes.
Quoi qu’il en soit, le Japon semble aujourd’hui à la merci de ces étrangers qui se délectent de ses misères immobilières. Un jour viendra-t-il où les Japonais se réveilleront, constatant avec effroi que leur patrimoine s’est évanoui entre les mains d’une poignée d’acheteurs sans scrupules ? Seul l’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : cette ruée vers les akiya a un goût bien amer.