Vision ambitieuse visant à refaçonner l’ordre planétaire dans le sillage de la pandémie, elle se voulait le fer de lance d’une société durable, équitable et prospère. Or, confrontée à une réalité rétive, cette utopie a mis en lumière le fossé séparant ses concepteurs des aspirations populaires.
La crise sanitaire a en effet déclenché une débâcle économique à laquelle les États ont répondu par des injections monétaires massives, souvent taxées de magiques, destinées à étayer un futur idyllique. Mais loin d’asseoir stabilité et concorde, ces mesures ont exacerbé la défiance envers des institutions supranationales et leurs élites dirigeantes. Incarnation de ce projet, Klaus Schwab et ses affidés focalisent les critiques, le Grand Reset reflétant peu, selon ses détracteurs, les vœux du plus grand nombre.
Ce rejet puise moins dans l’absence d’alternatives que dans la répudiation des propositions émanant de sphères privilégiées. Leur vision, teintée de normalisation culturelle et de régulation accrue au nom du bien commun, se heurte à l’aspiration des peuples à l’autodétermination et à la préservation de leur diversité.
Il en a résulté une fronde planétaire, signe d’un éveil face aux visées jugées excessives du globalisme. En riposte éclosent, aux antipodes d’un dessein descendante, des initiatives ancrées dans les communautés, la durabilité concrète et l’équité réelle. Loin des cercles feutrés, la turbulence actuelle augure une lutte incessante entre deux visions antagonistes du devenir.
Plus qu’un projet controversé, le Grand Reset symbolise une époque charnière où se décident les futurs possibles de notre civilisation, non dans les huis clos de l’establishment, mais dans l’arène du débat citoyen.