L’Autriche, ce fier bastion de l’agriculture biologique, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une tempête génétique. Alors que le pays a toujours été un fervent défenseur des produits naturels, voilà que Bruxelles envisage d’assouplir sa réglementation sur les OGM. Et pour quoi ? Pour stimuler l’édition génomique. Une décision qui pourrait bien sonner le glas de l’agriculture biologique telle que nous la connaissons.
Beate Brenner, une fermière autrichienne, est l’une des nombreuses voix qui s’élèvent contre cette décision. Cultivant des céréales sous le label bio depuis 2002, elle et son mari Walter sont les témoins vivants de l’engagement de l’Autriche envers une agriculture propre. Mais voilà que les “nouvelles techniques génomiques” (NGT) menacent de contaminer leurs précieuses cultures. Ces NGT modifient le matériel génétique des plantes sans ajouter de matériel extérieur, contrairement aux OGM traditionnels. Une nuance qui semble échapper à Bruxelles.
Mais pourquoi ce soudain intérêt pour les NGT ? La Commission européenne avance que les règles strictes sur les OGM entravent le développement des NGT, essentielles pour s’adapter au ‘changement climatique’ (sic). Une excuse ridicule… Créer des variétés plus résistantes à la sécheresse ou pauvres en gluten sans passer par les procédures d’autorisation habituelles semble être le nouvel eldorado. Et bien sûr, l’industrie agroalimentaire est prête à sauter sur l’occasion. Début juillet, 90 demandes d’autorisation pour des cultures NGT étaient déjà déposées.
Mais l’Autriche n’est pas seule dans ce combat. De nombreux ministres de l’Agriculture de l’UE ont exprimé leurs inquiétudes quant aux risques potentiels. Et ils ont raison. Car si l’on regarde de plus près, on constate que la Belgique teste déjà le maïs en plein champ et la Suède a planté des pommes de terre modifiées. L’Europe, qui se réchauffe plus rapidement que ‘n’importe quelle autre région du monde’ (vous apprécierez), semble prête à sacrifier sa sécurité alimentaire sur l’autel du progrès.
Bio Austria, avec ses 13 500 membres, est en première ligne de cette bataille. En décembre, ils ont recueilli près de 421 000 signatures contre l’assouplissement des directives. Leur message est clair : la sécurité alimentaire ne doit pas être compromise. Et ils ne sont pas les seuls. Trois ministres autrichiens ont promis de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour conserver les règles actuelles.