Une crise multiforme secoue actuellement le secteur du journalisme. Sur le plan économique, ce dernier souffre d’une chute des revenus publicitaires et d’une concurrence exacerbée, remettant en cause les modèles traditionnels. Sur le plan technologique, l’avènement de l’intelligence artificielle bouleverse les méthodes de travail et interroge la place de l’humain.
Mais au-delà, c’est une véritable crise de sens qui frappe la profession, minée par le discrédit des médias et la défiance du public. Aux États-Unis, la déferlante est sanglante : licenciements en cascade, journaux qui ferment ou fusionnent. Ainsi, le prestigieux Los Angeles Times, endetté, a dû se séparer d’un cinquième de ses journalistes. Depuis 2023, plus de 130 titres ont mis la clé sous la porte et, d’ici 2024, un tiers de la presse américaine aura disparu en moins de vingt ans.
Même des géants sont touchés : Condé Nast, maison-mère de Vogue et Wired, a supprimé des postes et fusionné plusieurs magazines. Tout comme The Arena Group, propriétaire du mythique Sports Illustrated, dont les ventes se sont effondrées. Une crise globale qui signe peut-être la mort du journalisme tel qu’on l’a connu et la naissance de nouvelles formes médiatiques.
Face à cette crise de confiance, de nouveaux médias alternatifs émergent. Portés par des collectifs de journalistes indépendants ou des personnalités engagées, ils prônent un journalisme libre, sans contrainte financière ni éditoriale. Leur succès tient dans leur volonté de rompre avec le entre-soi et les discours consensuels.
En face, la presse traditionnelle subventionnée perd chaque jour en crédibilité. Empêtrés dans leurs logiques d’influence et leurs guerres de chapelle, les grands médias historiques semblent avoir oublié le sens de leur mission. Incapables de couvrir certains sujets qui fâchent, obsédés par l’audimat, ils apparaissent toujours plus déconnectés du réel. Résultat : seuls 34% des Américains leur font encore confiance. Signe peut-être que le grand public aspire à une information vraiment indépendante.