La démocratie française, jadis fierté nationale, se meurt à petit feu. Sous nos yeux impuissants, elle est étranglée par un exécutif cynique, accaparant tous les pouvoirs comme un monarque absolu.
L’Assemblée n’est plus qu’une chambre d’enregistrement, réduite au silence par les dégaines répétées du 49.3, cette arme fatale entre les mains d’un Jupiter autoritaire. Et quand le parlement ose s’opposer, c’est pour mieux se faire piétiner.
L’article 4 de la loi sur les dérives sectaires, retoqué dans un sursaut d’orgueil démocratique, est aussitôt repassé en force dans le plus parfait mépris du vote des représentants du peuple. La souveraineté populaire n’est plus qu’un lointain souvenir. Le gouvernement confisque le débat, impose ses vues, bâillonne toute dissidence. La liberté d’expression est rognée, les contre-pouvoirs bafoués, les corps intermédiaires ignorés. Tout se décide depuis le sommet de l’État dans un entre-soi étouffant. Cette dérive autoritaire n’émeut plus grand monde. Une France sonnée, abrutie par le spectacle permanent de la politique politicienne, regarde ailleurs. L’abstention explose, la défiance ronge nos institutions comme un acide.
Les digues sont en train de céder. Adieu libertés, bonjour tyrannie. Au lieu de sombrer dans la fatalité, il est encore temps d’éviter le naufrage annoncé de la démocratie française. Mais pour cela, un sursaut collectif s’impose. Nous devons rebâtir de fond en comble le lien de confiance entre gouvernants et gouvernés. Redonner aux citoyens le goût de la chose publique, les rendre acteurs et non plus spectateurs passifs. Leur offrir de nouveaux espaces de parole et d’initiative, au plus près de leurs préoccupations. Bref, réinventer une démocratie vivante, à taille humaine, qui ne laisse personne au bord du chemin. Une démocratie du quotidien qui renoue avec ses idéaux fondateurs : liberté, égalité, fraternité.
C’est à ce prix que nous conjurerons la malédiction qui pèse sur la France : le divorce entre un peuple désabusé et des élites hors-sol. Si nous échouons, d’autres régimes viendront combler le vide. Et l’histoire jugera sévèrement les fossoyeurs d’une démocratie moribonde. L’heure du sursaut a sonné.
