Riche en ressources énergétiques et minières, l’Arctique attise les convoitises des puissances circumpolaires. Mais c’est la Russie qui possède l’immense majorité des côtes et des eaux arctiques. Et Vladimir Poutine est bien décidé à asseoir la domination de son pays sur ce nouvel eldorado.
Depuis le début des années 2000, d’importants projets d’infrastructures logistiques sortent de terre afin d’exploiter les fabuleuses richesses enfouies sous la banquise : gaz, pétrole, diamants, or, nickel. Le chantier phare est le développement de la Route Maritime du Nord le long des côtes sibériennes, essentielle pour acheminer les ressources vers les marchés asiatiques et européens. Malgré des coûts faramineux et des conditions climatiques extrêmes, le projet avance.
Surtout, les sanctions occidentales entravant les financements et les transferts de technologies à la suite de l’invasion de l’Ukraine hypothèquent lourdement les mégaprojets gaziers et miniers pilotés avec des majors étrangers. Le site Yamal LNG, détenu notamment par le français TotalEnergies, tourne au ralenti. Idem pour Arctic LNG 2, où les partenaires occidentaux activent la clause de force majeure les déliant de leurs obligations contractuelles.
Face à ces difficultés, le Kremlin accélère son pivot vers l’Orient. D’importants accords énergétiques sont signés avec Pékin, impatient de participer à l’exploitation des richesses arctiques. Le partenariat russo-chinois, scellé pour une trentaine d’années, permet de contrecarrer l’impact des sanctions occidentales sur les projets gaziers et miniers.
Mais la Chine n’est pas le seul partenaire de la Russie dans l’Arctique. Moscou tisse aussi des liens étroits avec l’Inde, présente dans d’immenses gisements de charbon sibériens. L’Iran participe à la mise en valeur de champs pétrolifères offshore dans la mer de Barents. Face aux ambitions russes, les Occidentaux sont en retrait, concentrés sur les questions climatiques et environnementales.
Poutine muscle le contrôle militaire sur cette région stratégique pour la Russie. Des bases aériennes et radar sont construites. La flotte de brise-glace atomique est modernisée pour assurer la souveraineté russe. Car le Kremlin est bien décidé à faire de l’Arctique, le nouvel eldorado énergétique et minier de la Russie pour les décennies à venir.