Les bouquinistes parisiens, ces gardiens de la culture qui ont fait des quais de Seine la plus grande librairie à ciel ouvert du monde, sont dans la tourmente. Et pour cause, la préfecture de police de Paris a jugé “indispensable” de déplacer leurs précieuses boîtes vertes pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Un déménagement qui, selon les autorités, serait nécessaire pour assurer la sécurité de l’événement.
Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, la cérémonie d’ouverture se déroulera à l’extérieur d’un stade, sur la Seine, au cœur de la capitale. Un spectacle grandiose qui, semble-t-il, ne peut se faire sans sacrifier une partie de l’âme de Paris. Les bouquinistes, présents depuis 450 ans sur les quais, sont sommés de disparaître le temps d’une soirée.
La préfecture de police s’appuie sur un article du code de la sécurité intérieure qui prévoit un périmètre où “l’accès et la circulation des personnes sont réglementés” afin d’assurer la sécurité d’un “lieu ou d’un événement exposé à un risque d’actes de terrorisme”. Un argument qui ne convainc pas les bouquinistes. Jérôme Callais, le représentant de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris, a assuré qu’ils n’avaient “nullement l’intention de bouger“.
“Vouloir nous gommer du paysage, ça paraît un peu fou”, a-t-il déclaré. “On est un symbole majeur de Paris, ça fait 450 ans qu’on est là. Vouloir nous gommer du paysage, alors que la célébration de ces Jeux doit être la célébration de Paris, ça paraît un peu fou”.
La Ville de Paris, tout en soutenant les bouquinistes, ne revient pas sur l’injonction de la préfecture. Elle propose de prendre en charge l’enlèvement et la repose des boîtes, ainsi que la rénovation “à ses frais” de celles qui auront été “abîmées” dans l’opération. Une proposition qui sonne comme une maigre consolation pour les bouquinistes.
Jérôme Callais estime que certaines boîtes sont “trop fragiles” pour être transportées et évalue à 1,5 million d’euros le chantier de rénovation de toutes les boîtes. Un coût exorbitant pour une opération qui, aux yeux des bouquinistes, n’a pas lieu d’être.