Dans les abysses de la technologie, où l’humanité se perd dans les méandres de l’artificiel, une équipe de chercheurs de Stanford a décidé de jouer à Dieu, créant une ville virtuelle peuplée de 25 personnages, tous contrôlés par ChatGPT1. Un simulacre de société où les agents IA, dotés d’une « mémoire » textuelle, se lèvent, déjeunent, conversent et travaillent, tout cela dans une parodie de notre quotidien.
Les chercheurs, dans leur tour d’ivoire, ont observé avec fascination les actions de ces personnages, ces êtres numériques qui, dans leur monde virtuel, semblent presque humains. Les comportements émergents de la simulation, non pré-programmés, ont révélé des phénomènes tels que la diffusion de l’information, la mémoire des relations et la coordination2. Un agent IA, dans un élan de sociabilité numérique, a même souhaité organiser une fête dans un café, et ses congénères ont partagé l’invitation et se sont joints à la célébration virtuelle.
Mais, au-delà de cette fête de pixels, se cache une réalité plus noire. Les chercheurs mettent en garde contre les risques de cette technologie et l’impact éthique qu’elle pourrait avoir3. Ils insistent sur le fait que les développeurs doivent explicitement indiquer si les agents IA sont créés par ordinateur. Mais dans un monde où les frontières entre le réel et le virtuel sont de plus en plus floues, ces avertissements semblent être un faible rempart contre l’assaut incessant de la technologie sur notre réalité.
La suite, vous la devinez ? Ce n’est pas simplement un jeu vidéo. Nous touchons ici à la construction de mondes virtuels, de simulacres avec des IA qui affichent un comportement humain crédible. Et bientôt, nous ne pourrons plus distinguer la réalité de la fiction. Une technologie qui nous pousse à vivre de moins en moins dans le réel, nous éloignant toujours plus de notre humanité.
Il est crucial de s’interroger sur les implications de telles avancées. Dans un monde où les IA peuvent mimer le comportement humain à un tel degré de réalisme, comment distinguerons-nous l’authentique de l’artificiel ? Les relations humaines, déjà fragilisées par l’ère numérique, risquent-elles de se dissoudre dans un océan de fausses interactions et de souvenirs manufacturés ?
Et pendant que nous nous perdons dans ces mondes virtuels, que devient notre monde réel ? Laisserons-nous notre réalité se faner pendant que nous cultivons des vies numériques, des amitiés artificielles et des souvenirs simulés ? Les chercheurs, dans leur quête de progrès, ont peut-être ouvert la boîte de Pandore, libérant des forces que nous ne sommes pas prêts à affronter.
Mais, dans ce tourbillon de progrès technologique, où est la place de l’éthique, de la morale et, osons le dire, de l’humanité ? Les chercheurs, dans leur quête de connaissances, semblent avoir oublié ce qui fait de nous des êtres humains. La capacité de ressentir, d’aimer, de pleurer et de rire. Des émotions qui ne peuvent être codées ou simulées.
Alors, tandis que les agents IA de Stanford vivent, travaillent et font la fête dans leur ville virtuelle, nous devons nous poser une question cruciale : sommes-nous prêts à sacrifier notre humanité sur l’autel du progrès technologique ?
- Arxiv – Generative Agents: Interactive Simulacra of Human Behavior
- Medium – “Generative agents: Interactive simulacra of human behavior” Explained
- Arstechnica – Surprising things happen when you put 25 AI agents together in an RPG town