Géo-Terreur Céleste

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La géoingénierie solaire, cette tentative audacieuse de jouer avec le thermostat de la Terre, nous promet un avenir où l’humanité pourrait, en théorie, contrôler le climat, manipulant le soleil selon son bon vouloir. Mais, ne nous laissons pas berner par ces illusions de grandeur technologique.

En septembre 2022, des chercheurs britanniques, dans un élan de pseudo-génie, ont lancé un ballon météorologique dans la stratosphère, libérant quelques centaines de grammes de dioxyde de soufre, dans une tentative scientifique de géoingénierie solaire (Technology Review). Ce composé chimique, supposé innocent, pourrait réfléchir davantage de lumière solaire dans l’espace, atténuant ainsi le soit disant réchauffement climatique.

La géoingénierie solaire, bien que présentée comme une solution miracle, est loin d’être le remède universel qu’elle prétend être. Les conséquences imprévues, les risques écologiques et les implications éthiques sont des abîmes dans lesquels nous ne devrions pas vouloir plonger. Que se passerait-il si ces particules réfléchissantes perturbaient nos écosystèmes ? Si elles bouleversaient nos systèmes météorologiques ? Si elles étaient utilisées pour favoriser certains au détriment d’autres ?

Et que dire de la Suède, qui a récemment refusé de se prêter au jeu dangereux de la géoingénierie solaire dans le cadre du projet SCoPEx de l’Université Harvard ? Cette expérience, prévue près de la ville arctique de Kiruna, visait à tester l’équipement qui pourrait être utilisé pour libérer une petite quantité de matière réfléchissante dans l’atmosphère, à une altitude de 20 km, afin d’étudier comment cette « géoingénierie solaire » pourrait aider à refroidir la Terre (Reuters). Les leaders des éleveurs de rennes Saami indigènes de Suède ont écrit à l’agence spatiale pour s’opposer au test, et la Suède a dit « Non merci ».

L’expérience britannique, bien que présentée comme un simple test de matériel, a eu lieu malgré des préoccupations profondes concernant la technologie. Le projet, baptisé “Stratospheric Aerosol Transport and Nucleation” (SATAN, pour faire court, vous apprécierez le symbole), a utilisé des systèmes de ballons fabriqués à partir de composants de stock et de loisirs, avec des coûts matériels inférieurs à 1000 $. Andrew Lockley, un chercheur indépendant, a dirigé l’effort, travaillant avec European Astrotech, une entreprise qui travaille sur des ballons à haute altitude et des systèmes de propulsion spatiale.

Lockley, dans un élan de frustration face au processus scientifique, a exprimé son mécontentement face aux fuites d’informations concernant le projet, déclarant : “Il y a une place spéciale en enfer pour ceux qui fuient le travail de leurs collègues, tourmentés par le soufre toujours brûlant.” Une déclaration au niveau du nom de ce project SATAN…

Mais derrière cette bravade se cache une question éthique plus profonde. Le projet SATAN, bien qu’il ait obtenu des permis de vol et soumis des avis aux autorités de l’aviation, a-t-il vraiment pris en compte l’impact global et les implications éthiques de tels tests ?

La géoingénierie solaire, avec ses promesses de contrôle climatique, pourrait-elle être notre nouvelle tour de Babel, nous conduisant à une chute vertigineuse dans notre quête d’atteindre les cieux ?

En manipulant les délicats équilibres de notre planète, nous nous aventurons dans un territoire inexploré, où chaque action peut déclencher une réaction en chaîne de conséquences imprévues et, potentiellement, catastrophiques.

L’humanité doit-elle vraiment jouer à être Dieu, manipulant les cieux à sa guise, ou devrions-nous, avec humilité et respect, chercher des solutions qui travaillent avec la nature plutôt que contre elle ? La réponse, bien qu’évidente pour certains, semble être perdue dans le brouillard artificiel de la géoingénierie…

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