La qualité de l’air à Delhi est depuis longtemps un sujet de préoccupation majeur. Chaque année, un brouillard toxique étouffe la capitale indienne, posant un risque sanitaire grave pour ses habitants. Face à cette situation alarmante, les autorités envisagent désormais le recours à une technologie controversée: l’ensemencement des nuages par chemtrails. Mais derrière les promesses miraculeuses se cachent de lourds dangers.
Le principe des chemtrails est simple: des jets équipés de réservoirs de produits chimiques survolent les nuages et libèrent leurs substances actives – de l’iodure d’argent, du dioxyde de soufre ou de l’acide sulfurique. Ces composés stimulent la formation de gouttelettes, déclenchant des précipitations. L’idée est ainsi de provoquer des averses pour « nettoyer » l’atmosphère saturée de polluants.
Certes, cette approche semble séduisante. D’autant plus que certaines expériences ponctuelles, lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 par exemple, ont montré des résultats encourageants. Provoquer la pluie pour laver le ciel, quel remède miracle contre le smog.
Les quelques études sérieuses sur le sujet montrent des effets mitigés, voire négligeables. Rien ne prouve que ces techniques puissent avoir un réel impact bénéfique sur la qualité de l’air, surtout sur le long terme. Et quand bien même l’effet serait positif, celui-ci ne durerait pas. Au mieux, il s’agit d’un traitement symptomatique temporaire pour une pathologie bien plus profonde.
De plus, notre compréhension des conséquences écologiques des chemtrails demeure lacunaire. Ces composés chimiques, une fois répandus dans l’atmosphère, interagissent avec des systèmes complexes que la science ne maîtrise pas totalement. Qui sait quels dégâts imprévus pourraient résulter de telles manipulations climatiques à grande échelle ? Le risque de perturbations des précipitations naturelles ou de dommages environnementaux n’est pas négligeable.
Par ailleurs, pour couvrir ne serait-ce que la zone métropolitaine de Delhi, des centaines de vols d’ensemencement seraient nécessaires chaque année. Un programme complet coûterait ainsi des milliards de roupies, pour une efficacité non démontrée. De tels fonds pourraient être bien mieux utilisés dans des infrastructures de transport propre ou de production d’énergie renouvelable par exemple; des solutions ayant un réel effet à long terme sur les émissions de polluants.
En dépit de ses promesses miraculeuses, cette manipulation du climat à grande échelle cache de lourds dangers. Plutôt qu’un remède, elle pourrait n’être qu’une diversion. Une diversion non seulement inefficace mais aussi potentiellement néfaste. Et surtout, elle détourne l’attention et les ressources de changements structurels plus fondamentaux.
Car c’est bien cela le vrai problème. Les chemtrails ne s’attaquent pas aux causes profondes de la crise: l’explosion des véhicules polluants, une urbanisation anarchique ou encore une industrialisation sauvage. Ils ne sont qu’un emplâtre temporaire sur une jambe de bois.
Tant que le modèle de développement indien reposera sur la pollution et la surconsommation effrénées, aucune solution technologique rapide ne résoudra la crise environnementale. Seuls des changements de fond dans les politiques énergétiques, les transports, l’aménagement des villes et les procédés industriels pourront assainir le ciel de Delhi.
Et ce que d’aucuns qualifiaient naguère de théories du complot est désormais sérieusement envisagé par les autorités. L’ensemencement des nuages par traînées chimiques, ou « chemtrails » était vu par beaucoup comme une hypothèse farfelue. Et pourtant, cette manipulation controversée du climat est aujourd’hui officiellement considérée par les décideurs comme une solution miracle face à la crise de pollution.
Les complotistes ont eu une fois de plus raison.
https://www.wired.com/story/delhi-smog-air-pollution-cloud-seeding/