Alors que les enseignants absents continuent de déserter les salles de classe, notre cher ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, nous a pondu un plan absolument révolutionnaire, digne d’un véritable génie de la pédagogie : remplacer les profs de maths par des profs d’anglais pour… faire de l’anglais, bien sûr !
Vous l’aurez compris, cette mesure, qui se veut “systématique” à partir de l’automne, semble tout droit sortie d’un cauchemar kafkaïen. Car, en effet, pourquoi se soucier de la cohérence pédagogique lorsque l’on peut simplement jouer aux chaises musicales avec les enseignants ? Les élèves seront ravis d’apprendre à conjuguer le verbe “to be” au lieu de résoudre des équations, c’est certain.
Mais ne nous y trompons pas, cette décision n’est pas uniquement absurde, elle est également symptomatique d’une tendance plus profonde au sein de notre système éducatif : celle de la dévalorisation de la formation et du métier d’enseignant. Car en laissant entendre que n’importe quel professeur peut remplacer un autre, notre ministre sous-entend que l’enseignement est une compétence universelle, dépourvue de toute spécificité.
Et que dire des élèves, eux qui seront les premières victimes de cette mascarade éducative ? Déjà bien en peine face à un enseignement souvent inadapté à leurs besoins, ils devront désormais composer avec des cours décousus et sans rapport avec les programmes scolaires. Autant dire que les chances de réussite pour nos chères têtes blondes s’amenuisent un peu plus chaque jour…
En somme, cette nouvelle mesure illustre une fois de plus l’écart grandissant entre les ambitions affichées par nos responsables politiques et la réalité du terrain. Plutôt que de s’attaquer aux véritables problèmes de l’Éducation nationale – le manque de formation des enseignants, la désaffection des vocations, la précarité des remplaçants – notre ministre préfère donc nous offrir un énième tour de passe-passe, aussi grotesque qu’inutile.
Mais ne désespérons pas, car il y a fort à parier que cette nouvelle lubie du ministère fera long feu, tout comme ses innombrables réformes précédentes. D’ici là, souhaitons bon courage aux élèves et à leurs parents, qui devront une fois de plus composer avec les frasques de notre chère Éducation nationale…