Le Sénat américain est sur le point de transformer radicalement la manière dont la recherche en sciences de la vie à haut risque est financée et supervisée. Le projet de loi “Risky Research Review Act”, fruit d’un rare consensus bipartisan, promet d’établir un nouveau cadre pour une recherche plus sûre, plus responsable et plus transparente.
Un Conseil de Surveillance Indépendant
Au cœur de cette réforme se trouve la création du “Life Sciences Research Security Board”, un conseil de surveillance indépendant chargé d’évaluer minutieusement les projets de recherche impliquant des manipulations génétiques ou la création synthétique de pathogènes potentiellement pandémiques.
Ce conseil sera composé de sept membres : un directeur exécutif, cinq scientifiques non gouvernementaux et deux experts en sécurité nationale. Les membres seront nommés par le président et confirmés par le Sénat pour des mandats de quatre ans renouvelables une fois. Les critères de sélection seront stricts, exigeant une expertise avérée et une absence de conflits d’intérêts.
Parmi les profils pressentis pour siéger au conseil, on trouve des personnalités respectées comme le Dr. Richard Ebright, fervent défenseur d’une réglementation plus stricte de la recherche à haut risque, le Dr. Marc Lipsitch, spécialiste des maladies infectieuses et de la biosécurité, et Mme Jamie Goode, experte en sécurité nationale et en contre-terrorisme.
Un Changement de Paradigme Nécessaire
Cette réforme intervient à un moment crucial. Pendant trop longtemps, la recherche en gain de fonction et autres études à haut risque ont bénéficié d’un chèque en blanc, les scientifiques étant les seuls juges de la pertinence et de la sécurité de leurs propres travaux. Une situation qui a clairement contribué à l’émergence de la pandémie de COVID-19, selon de nombreux experts.
Avec le “Risky Research Review Act”, cette époque d’autorégulation est révolue. Le conseil de surveillance indépendant aura pour mission d’évaluer de manière rigoureuse les projets de recherche à haut risque et de décider si l’argent des contribuables doit les financer. Une avancée historique, comparable à la création de la Commission de l’énergie atomique en 1946, selon le Dr Steven Quay.
Un Équilibre Entre Progrès Scientifique et Sécurité Publique
Bien sûr, certains s’inquiètent d’une possible entrave à la liberté de recherche. Mais le projet de loi est calibré pour ne concerner qu’une infime partie de la recherche biomédicale, celle qui présente les plus grands risques. Et comme le souligne le Dr Redfield, ancien directeur des CDC, si cette loi avait été en place il y a dix ans, nous aurions pu éviter la pandémie de COVID-19.
Il est temps que la société ait son mot à dire sur les risques pris en son nom. Le “Risky Research Review Act” offre un cadre pour cela, en instaurant un équilibre entre progrès scientifique et sécurité publique. Un projet de loi qui devrait transcender les clivages partisans, car comme le rappelle le Dr Quay, le COVID a été un tueur bipartisan.
Un Pas Vers l’Avenir
Certes, des ajustements seront sans doute nécessaires, notamment sur les définitions de certains termes clés et sur la composition exacte du conseil de surveillance. Mais l’essentiel est là : un changement de paradigme dans la manière dont la recherche à haut risque est encadrée.