Les centres financiers offshore sont souvent perçus comme des échappatoires pour les multinationales et les super-riches, leur permettant de bénéficier d’avantages fiscaux et d’un accès privilégié au dollar américain, essentiel au commerce international.
Andrea Binder, dans son interview avec la Berliner Zeitung, met en lumière cette réalité complexe et ses implications.
Andrea Binder est une chercheuse spécialisée dans la finance mondiale et la politique humanitaire. Elle est reconnue pour son expertise dans ces domaines et a participé à divers projets de recherche et discussions liés aux inégalités mondiales et à l’économie politique. Son travail a été reconnu et publié, y compris un livre à paraître intitulé « Offshore Finance and State Power » qui sera publié par Oxford University Press.
Selon Binder, l’intérêt majeur de ces centres réside dans la combinaison de la monnaie forte, souvent le dollar, avec le cadre juridique souple d’un autre pays. Cette association permet d’éviter de nombreuses réglementations, y compris fiscales. C’est une porte dérobée vers la liquidité et la flexibilité financière, mais aussi une source de préoccupations réglementaires et éthiques.
L’opacité est un trait caractéristique des paradis fiscaux, où les entreprises peuvent opérer sans avoir à dévoiler leur identité ou à publier des rapports financiers. Cette intransparence est stratégique pour les gouvernements occidentaux qui, tout en répondant aux pressions des grandes entreprises, peuvent maintenir des taux d’imposition élevés à domicile sans perdre en compétitivité.
Les sanctions économiques, telles que celles imposées par les États-Unis, ont poussé certains pays à chercher des moyens de contourner ces restrictions. Les centres financiers offshore, en particulier ceux émergents en Asie, offrent des alternatives pour accéder au dollar américain, reflétant ainsi les intérêts politiques et économiques divergents.
Les BRICS aspirent à créer un système financier alternatif au dollar américain, ce qui soulève des questions sur l’avenir des centres financiers offshore. Cependant, la dépendance actuelle de ces pays au dollar et aux centres offshore rend un changement rapide peu probable, malgré les coûts économiques et politiques potentiels d’un tel bouleversement.
Binder met en garde contre les dangers que représentent les centres financiers offshore pour la démocratie et la stabilité financière. Elle plaide pour une régulation accrue et un débat politique sur l’équilibre entre dérégulation et globalisation, afin de préserver les promesses démocratiques d’équité et de mobilité sociale.