Elon Musk l’a dit : “le lithium, c’est le nouveau pétrole”. Une affirmation qui ne manque pas de sel, quand on sait que le milliardaire a investi pas moins de 365 millions de dollars dans une raffinerie de lithium au Texas, qu’il qualifie lui-même de “machine à imprimer de l’argent”. Car pour Musk, l’avenir de Tesla passe par le contrôle de toute la chaîne de valeur du lithium, de l’extraction à la production de batteries.
Une stratégie qui n’est pas sans rappeler celle des majors pétrolières, qui ont longtemps cherché à maîtriser l’ensemble du processus, du puits à la pompe. Mais là où les pétroliers ont mis des décennies à bâtir leur empire, Musk compte bien aller beaucoup plus vite. Son objectif : produire assez de lithium pour fabriquer 1 million de voitures électriques dès l’année prochaine, ce qui ferait de sa raffinerie le plus grand producteur d’Amérique du Nord.
La France dans la course au lithium
Pendant ce temps, la France n’est pas en reste. Le groupe Eramet vient de mettre en service sa première usine d’extraction directe de lithium (DLE) en Argentine, une première à l’échelle industrielle dans le pays. Grâce à cette technologie innovante, Eramet espère produire du lithium plus rapidement, plus proprement et à moindre coût. Un pari audacieux, qui pourrait bien faire du groupe français un acteur majeur du marché.
Mais la route est encore longue. Car extraire le lithium n’est pas une mince affaire. Il faut synchroniser des milliers de capteurs, éviter les variations de température, recycler un maximum d’eau… Un véritable casse-tête pour les ingénieurs d’Eramet, qui n’ont pas droit à l’erreur. “Vous avancez étape par étape, en vous assurant de pouvoir passer à la phase suivante”, explique Soledad Gamarra, ingénieure sur le site. “Il y a la possibilité de faire des pauses, mais nous ne voulons vraiment pas que cela se produise.”
L’Ukraine et le Pérou, nouveaux eldorados du lithium
Mais la France et les États-Unis ne sont pas les seuls sur les rangs. L’Ukraine recèlerait d’immenses réserves de lithium, estimées à 500 000 tonnes. Un trésor caché qui pourrait bien faire basculer le rapport de force dans la guerre qui l’oppose à la Russie. Car perdre l’Ukraine, ce serait pour l’Occident se priver d’un approvisionnement stratégique en lithium, au moment même où la demande explose.
De l’autre côté du globe, le Pérou se rêve lui aussi en nouveau roi du lithium. Une compagnie minière canadienne vient d’y découvrir un gisement d’une valeur de 5 milliards de dollars, avec une durée de vie potentielle de 32 ans. De quoi rebattre les cartes du “triangle du lithium” formé par le Chili, l’Argentine et la Bolivie.
Le revers de la médaille
Mais attention, l’extraction du lithium n’est pas sans conséquences. Elle nécessite d’énormes quantités d’eau et d’énergie, et peut gravement polluer les écosystèmes. Un paradoxe pour un métal censé nous faire passer au vert. Certains parlent même d’un “fracking du lithium”, en référence à la fracturation hydraulique utilisée pour extraire le gaz de schiste.
C’est tout le dilemme de la transition énergétique : comment passer aux énergies propres sans détruire la planète au passage ? Une question à laquelle Elon Musk, Eramet et tous les autres acteurs de la filière lithium devront répondre, s’ils veulent vraiment faire du lithium le “nouveau pétrole” d’un monde plus durable. Car dans cette course effrénée au métal blanc, il n’y aura pas que des gagnants. Les populations locales et l’environnement pourraient bien en faire les frais, si l’on n’y prend pas garde.
https://www.reuters.com/markets/commodities/global-lithium-sector-eyes-argentinas-salt-flats-tech-test-run-2024-07-10/
https://www.mining-technology.com/news/tesla-new-patent-lithium-extraction/
https://truflation.com/blog/why-elon-musk-calls-lithium-the-new-oil-and-its-refinement-a-license-to-print-money
https://www.cnbc.com/2022/04/08/elon-musk-telsa-may-have-get-into-mining-refining-lithium-directly.html
https://source.benchmarkminerals.com/article/opinion-why-elon-musk-is-right-about-lithium-refining-being-a-bottleneck