Pendant que les nobles de l’OTAN passaient la semaine dernière à parler de déclencher des guerres qu’ils ne peuvent pas gagner et de contrôler des événements qu’ils ne maîtrisent pas, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a reçu un accueil chaleureux au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Astana. Il s’est entretenu avec les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, qui se sont tous deux engagés à continuer de renforcer les liens avec la Turquie.
Pendant ce temps, Washington brandit la menace de nouvelles sanctions contre la Turquie, notamment concernant la centrale nucléaire construite par Rosatom, qui doit fournir environ 10% des besoins énergétiques turcs. Mais ces tentatives d’intimidation ne font qu’accélérer le rapprochement d’Ankara avec l’Est.
Car ce que l’OCS veut par-dessus tout, c’est empêcher l’Occident d’utiliser le terrorisme ou toute autre stratégie de division pour contrecarrer la puissance croissante de ses États membres. Et la Turquie, avec sa position géostratégique clé, serait un élément essentiel de l’architecture de sécurité de l’OCS.
Les changements de position spectaculaires d’Erdoğan, autrefois virulent critique de la Chine sur la question ouïghoure et aujourd’hui prêt à ne plus permettre d’activités portant atteinte à l’intégrité territoriale chinoise, illustrent ce basculement vers l’Est. Un rapprochement Turquie-Syrie se profile également, ce qui rendrait encore plus intenable la position américaine en Syrie.
Alors que l’UE regrettera peut-être un jour d’avoir snobé la Turquie, cette dernière n’a plus de raisons de choisir un camp dans un monde de plus en plus multipolaire. Sauf si bien sûr l’OTAN, dans sa fuite en avant, tente de la forcer à le faire. Mais les Turcs, eux, ont déjà largement tourné le dos à l’UE et aux États-Unis pour regarder plus favorablement vers l’Est.