Emmanuel Macron, dans sa grande mansuétude, a daigné nous annoncer qu’un projet de loi ouvrant une “aide à mourir” sous “conditions strictes” serait bientôt présenté. Quelle générosité de la part de notre cher président ! Il faut dire qu’après avoir laissé mourir nos aînés à petit feu dans les EHPAD pendant le Covid, en leur administrant allègrement du Rivotril, il était temps de passer à la vitesse supérieure.
Ces fameuses “conditions strictes” ont de quoi faire sourire. Seront concernés les patients majeurs atteints d’une maladie incurable avec un pronostic vital engagé à court terme et des souffrances réfractaires. Bref, ceux qui ont déjà un pied dans la tombe. Mais rassurez-vous, tout cela se fera dans les règles de l’art, avec l’avis collégial favorable d’une équipe médicale. On imagine déjà les réunions de concertation pluridisciplinaire où l’on décidera à la majorité si Papy ou Mamy mérite de recevoir sa dose létale. La démocratie jusque dans la mort, en somme.
Bien sûr, le patient pourra s’administrer lui-même la substance mortelle. Quelle autonomie, quel progrès ! Mais s’il n’en est pas capable physiquement, un tiers pourra lui donner le coup de pouce final. Voilà qui promet de belles empoignades familiales pour savoir qui aura l’honneur d’expédier l’aïeul dans l’au-delà. Les notaires vont se frotter les mains.
Certains esprits chagrins oseront faire remarquer que le Rivotril, utilisé pour “accompagner” les malades du Covid vers une mort douce, est pourtant contre-indiqué en cas d’insuffisance respiratoire. Un détail que nos éminents décideurs ont dû juger négligeable face à l’urgence de faire de la place dans les EHPAD et les hôpitaux débordés. Après tout, “il faut que des choix soient faits”, comme l’avait si délicatement déclaré le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy.
Avec cette nouvelle loi, l’euthanasie va pouvoir entrer dans une phase véritablement industrielle. Fini l’artisanat des débuts avec le Rivotril, place à un processus normé et encadré, qui permettra de faire tourner la machine à éliminer
Bien sûr, tout cela sera fait pour le bien des patients, pour leur éviter de “souffrir inutilement”. Mais ne nous voilons pas la face : derrière ces belles paroles se cache surtout une logique comptable sordide. Un vieux qui meurt, c’est une pension de retraite en moins à payer, des soins en moins à rembourser. L’équation est simple et cynique.
https://www.la-croix.com/france/interview-exclusive-macron-projet-loi-fin-vie-euthanasie-suicide-assiste-20240310
https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/10/fin-de-vie-emmanuel-macron-annonce-pour-avril-un-projet-de-loi-prevoyant-une-aide-a-mourir-sous-conditions-strictes_6221208_3224.html
https://www.francebleu.fr/infos/societe/fin-de-vie-emmanuel-macron-presentera-en-avril-un-projet-de-loi-pour-une-aide-a-mourir-sous-conditions-strictes-7545336
https://www.europe1.fr/societe/fin-de-vie-emmanuel-macron-annonce-un-projet-de-loi-pour-une-aide-a-mourir-sous-conditions-strictes-4235130
https://www.leparisien.fr/societe/fin-de-vie-macron-annonce-un-projet-de-loi-en-avril-pour-une-aide-a-mourir-sous-conditions-strictes-10-03-2024-HRX6H72ZFJFYNJDSVT7ULOGZJY.php