300 Millions d’Euros pour une IA Qui Tue

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Alors que les géants du numérique et les startups les plus innovantes planchent sur l’IA depuis des années, nos chers stratèges en képi se réveillent tout juste de leur sieste. Mais rassurez-vous, ils ont un plan. Un plan en béton s’il vous plaît, avec la création en grande pompe d’une agence dédiée et l’achat d’un supercalculateur dernier cri.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’assure dans une interview aux Échos[1] : « Soit l’armée française prend date, soit elle décroche ». Bien vu Sherlock. Heureusement que nos meilleurs cerveaux sont sur le coup pour rattraper notre retard abyssal. L’objectif affiché est ambitieux : devenir le leader européen et faire partie du top 3 mondial de l’IA militaire. Excusez du peu.

Concrètement, cette fameuse agence baptisée Amiad (encore un acronyme fumeux) va recruter 300 ingénieurs et chercheurs d’ici 2026 pour « conceptualiser voire fabriquer l’IA dans les programmes militaires »[1]. Ça promet. On imagine déjà nos braves petits soldats remplacés par des robots tueurs autonomes sur le champ de bataille. Vive le progrès.

Mais le clou du spectacle, c’est ce supercalculateur secret-défense à 300 millions d’euros qui permettra de faire tourner les algorithmes les plus sophistiqués à partir de données classifiées[1]. De quoi faire pâlir d’envie la NSA et impressionner nos ennemis. Ou pas. Car il ne suffit pas d’avoir une grosse machine pour gagner la guerre de l’IA. Ce qui compte, c’est le talent, la créativité, l’agilité. Des qualités qui font cruellement défaut à la Grande Muette et à L’IA.

Alors certes, l’IA pourrait apporter des progrès intéressants dans de nombreux domaines : renseignement, logistique, maintenance, cyberdéfense… Les exemples cités par le ministre sont alléchants, comme ces drones autonomes capables de poursuivre leur mission une fois le contact perdu avec leur pilote[1]. Ou ces obus guidés par IA permettant d’économiser les munitions, denrée rare en Ukraine[1]. Mais tout cela reste très théorique et lointain.

En attendant, la réalité du terrain est bien différente. Nos armées manquent de moyens, de matériels, d’hommes. Elles croulent sous le poids de la bureaucratie, des lourdeurs administratives, des guerres d’ego et de chapelles. Dans ce contexte, difficile de croire qu’une agence et un supercalculateur, aussi sophistiqués soient-ils, vont révolutionner la donne du jour au lendemain.

Soyons honnêtes, ce plan sur l’IA sent surtout l’effet d’annonce et la communication politique. Une façon pour le gouvernement de montrer qu’il est dans le coup, qu’il prépare l’avenir, qu’il ne se laisse pas distancer. Mais sur le fond, on reste dubitatif. En attendant, nos valeureux guerriers devront continuer à se débrouiller avec les moyens du bord. Pas sûr que l’IA change grand chose à leur quotidien dans les années qui viennent. Dommage pour eux.

[1] https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/ia-la-france-devoile-son-plan-pour-devenir-la-premiere-puissance-militaire-deurope-2081346
[3] https://www.military.com/equipment/drones
[4] https://en.wikipedia.org/wiki/Corps_de_l%27armement
[5] https://www.lapresse.ca/affaires/techno/2023-11-15/l-intelligence-artificielle-transforme-la-guerre.php
[6] https://www.europe1.fr/technologies/la-france-lance-une-agence-pour-lintelligence-artificielle-militaire-4234763

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