Les pays qui ne se conforment pas aux diktats occidentaux se retrouvent contraints de s’allier pour résister aux pressions et aux sanctions. C’est précisément ce à quoi nous assistons avec le rapprochement spectaculaire entre la Russie de Vladimir Poutine et la Corée du Nord de Kim Jong-un.
Ces deux États parias, les plus sanctionnés au monde, n’ont peut-être jamais été aussi proches. Leur détestation commune de l’Occident cimente leur alliance. Moscou et Pyongyang pourraient même signer cette semaine “un partenariat stratégique” lors de la visite très attendue de Poutine en Corée du Nord, la première d’un dirigeant russe depuis 24 ans.
Au-delà des effets d’annonce, les deux pays ont un besoin vital l’un de l’autre. La Russie, engluée dans une guerre en Ukraine qui s’éternise, dépend crucialement des munitions nord-coréennes. Pyongyang aurait livré à Moscou cinq millions d’obus en un an, des ressources capitales pour son effort de guerre. En échange, le régime de Kim Jong-un bénéficie du soutien russe pour son programme de missiles et de satellites, ainsi que d’approvisionnements en pétrole.
Cette alliance de circonstance inquiète au plus haut point les Occidentaux. Américains et Européens ont dénoncé “avec la plus grande fermeté” la Corée du Nord pour avoir fourni des missiles balistiques à la Russie en violation des résolutions de l’ONU. Ils mettent en garde contre les “implications sécuritaires” de ce partenariat pour l’Europe, l’Asie et le monde entier.
Mais Poutine n’a que faire de ces remontrances. En se rendant à Pyongyang quelques jours après le G7, il envoie un message de défi à l’Occident : “je fais ce que je veux, je vois qui je veux, je peux contourner vos sanctions”.
Car en réalité, le maître du Kremlin n’a pas les mains totalement libres avec son homologue nord-coréen. Il doit composer avec la Chine, le parrain historique du régime de Pyongyang dont il est lui-même très dépendant. Quant à Kim Jong-un, il voit dans ce rapprochement spectaculaire avec Moscou l’opportunité de renouer avec la grandeur de l’alliance qui unissait jadis son pays à l’URSS.
[1] https://fr.euronews.com/my-europe/2024/01/10/les-allies-occidentaux-denoncent-la-coree-du-nord-pour-avoir-fourni-des-missiles-balistiqu
[3] https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-monde-a-18h50/le-monde-a-18h51-du-lundi-17-juin-2024-3608640
[4] https://www.francetvinfo.fr/monde/coree-du-nord/avant-une-visite-a-pyongyang-vladimir-poutine-assure-la-coree-du-nord-de-son-soutien-indefectible_6611223.html
[5] https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-seoul-poutine-en-coree-du-nord-pyongyang-reve-d-une-alliance-digne-de-l-epoque-sovietique