“Pour la première fois au monde, nous avons réussi à synthétiser un supraconducteur à température ambiante (Tc≥400 K, 127∘C) travaillant à pression ambiante avec une structure plomb-apatite modifiée (LK-99).” Voilà une phrase qui, si elle s’avère vraie, pourrait bien changer la face du monde. Mais avant de commencer à rêver d’un avenir où l’énergie serait stockée à moindre coût et où les trains flotteraient sur des rails magnétiques, il serait peut-être judicieux de prendre un peu de recul.
La publication en question, qui a été mise en ligne sur le serveur de pré-impression arxiv.org, doit encore être validée par les pairs. C’est une étape cruciale dans le processus scientifique, car elle permet de s’assurer que les résultats présentés sont solides et reproductibles. Et c’est là que le bât blesse.
En effet, ce n’est pas la première fois qu’une telle annonce est faite. En mars dernier, des chercheurs américains avaient eux aussi prétendu avoir découvert un supraconducteur à température ambiante. Leur publication avait suscité beaucoup d’enthousiasme, avant d’être retirée de la littérature scientifique car aucun autre laboratoire n’avait réussi à reproduire leurs résultats.
Alors, le LK-99 est-il le superconducteur révolutionnaire que ses créateurs prétendent qu’il est ? Pour l’instant, il est trop tôt pour le dire. Les chercheurs du Quantum Energy Research Centre de l’Université de Corée, qui sont à l’origine de cette découverte, affirment avoir réussi à synthétiser le LK-99 en utilisant une méthode de cuisson qui combine les minéraux lanarkite (Pb₂SO₅) et phosphure de cuivre (Cu₃P). Ils prétendent que le matériau résultant montre deux signes clés de supraconductivité à pression atmosphérique normale et à des températures allant jusqu’à 127 ℃ : une résistance nulle et une lévitation magnétique.
Cependant, ces affirmations doivent encore être vérifiées par la communauté scientifique. Et même si elles s’avèrent vraies, il reste encore beaucoup de questions à résoudre. Par exemple, comment produire le LK-99 à grande échelle ? Comment le stocker et le manipuler en toute sécurité ? Et surtout, comment l’intégrer dans nos infrastructures énergétiques et de transport existantes ?
Même si l’idée d’un supraconducteur à température ambiante est séduisante, il est préférable de ne pas mettre la charrue avant les bœufs. La science est un processus lent et méthodique, et il faudra sans doute encore de nombreuses années avant que le LK-99 ne devienne autre chose qu’un sujet de recherche.
https://arxiv.org/pdf/2307.16040.pdf