Le cheval de Troie de la protection des mineurs en ligne
Tout a commencé avec la noble intention de protéger nos chers bambins des vilains dangers des réseaux sociaux. Le règlement sur les services numériques (DSA) et les portefeuilles européens d’identité numérique sont au cœur du travail de l’UE pour protéger les mineurs en ligne. Sous couvert du très vertueux Digital Services Act (DSA), ces portefeuilles deviendront, d’ici 2026, «de facto une sorte de standard de référence» pour vérifier l’âge des utilisateurs. Après tout, quoi de mieux pour protéger la vie privée des mineurs que de les ficher dès le berceau dans un système centralisé ? …
Le DSA vise entre autres à interdire la publicité ciblée sur les plateformes en ligne pour les enfants en se basant sur des catégories spéciales de données personnelles.
Mais ne soyons pas dupes. Cette mesure n’est qu’un cheval de Troie. Une fois le portefeuille bien ancré dans nos vies, il sera un jeu d’enfant de l’imposer à tout un chacun et d’étendre son usage aux services publics et bancaires. Big Brother vous salue bien !
Et comme le disait avec une subtilité toute particulière l’ex-commissaire européen Thierry Breton : «Maintenant que nous disposons d’un portefeuille d’identité numérique, nous devons y mettre quelques chose dedans.» Devinez quoi ? L’euro numérique pardi ! Histoire de parachever en beauté la mue totalitaire de notre chère Union.
L’euro numérique, le nouveau Graal de l’UE
Ce projet porté par la Banque Centrale Européenne (BCE) qui vise à créer une monnaie numérique de banque centrale, complémentaire aux espèces et autres moyens de paiement existants. L’objectif affiché ? Moderniser le système de paiement des pays membres de l’UE et renforcer leur autonomie stratégique en réduisant la dépendance aux prestataires de paiement non-européens.
Entre les risques pour la confidentialité des données, la stabilité financière et la complexité technique du projet, on peut légitimement se demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle. D’autant plus que les citoyens européens n’ont pas vraiment exprimé le besoin d’une telle monnaie numérique, bien au contraire.
Une feuille de route encore floue, mais une direction claire
Si les détails de la feuille de route restent encore flous, la direction est limpide. Après l’adoption en avril du règlement eIDAS prévoyant la création des portefeuilles d’identité numérique, la machine est en marche.
Une première phase d’étude a été menée d’octobre 2021 à octobre 2023. Puis en octobre 2023, la BCE a lancé la phase préparatoire de l’euro numérique, prévue pour durer environ 2 ans. L’objectif ? Établir les règles de fonctionnement, résoudre les questions techniques et procéder à des expérimentations jusqu’en octobre 2025.
En parallèle, la Commission européenne a transmis en juin 2023 une proposition de règlement établissant l’euro numérique au Parlement européen et au Conseil de l’UE. À l’issue des expérimentations et une fois le processus législatif achevé, le Conseil des gouverneurs de la BCE décidera de l’opportunité d’émettre un euro numérique. Son développement et sa mise en place pourraient alors intervenir à compter de novembre 2025, pour un déploiement à l’horizon 2027-2028.
La Dérive Totalitaire de l’Identité Numérique et de l’Euro Numérique
— mostraak.com (@mostraak) October 4, 2024
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Des inquiétudes légitimes sur la confidentialité et la stabilité financière
Mais tout n’est pas si rose dans le monde merveilleux de l’euro numérique. La protection des données des utilisateurs et l’impact de son modèle économique sur la stabilité financière restent encore très incertains.
Un rapport du Sénat français publié en juin 2024 insiste d’ailleurs sur la nécessité d’impliquer les États membres dans la détermination des modalités de l’euro numérique, au-delà de la BCE. Les rapporteurs recommandent aussi d’instaurer un plafond de détention et la non-rémunération de l’euro numérique pour limiter son usage comme réserve de valeur et les risques de fuite des dépôts bancaires. Car c’est bien là le nœud du problème : si l’euro numérique venait à être massivement adopté, il pourrait déstabiliser tout le système bancaire européen.
Vers un contrôle total de nos vies ?
Au final, entre l’identité numérique et l’euro numérique, l’appétit de contrôle de l’UE semble sans limite. Bientôt, chacun de nos faits et gestes sera tracé, analysé, contrôlé. Pour notre bien, évidemment. Préparez-vous à entrer dans ce brave new world où votre identité numérique sera votre laissez-passer pour une vie sous surveillance, et où votre porte-monnaie numérique sera scruté à la loupe. Orwell lui-même n’aurait pas rêvé mieux. Mais après tout, «Guerre est Paix, Liberté est Servitude, Ignorance est Puissance», n’est-ce pas ? …
https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/dsa-impact-platforms
https://www.euractiv.com/section/tech/news/european-authorities-press-on-with-digital-wallets-for-social-media-age-verification/
https://www.euractiv.fr/section/plateformes/news/verification-de-lage-sur-les-reseaux-sociaux-des-portefeuilles-numeriques-en-cours-delaboration/
https://www.datasecuritybreach.fr/digital-services-act-reglementation-europeenne/
https://www.euractiv.fr/section/application-de-la-loi/news/lue-mise-sur-le-dsa-et-les-portefeuilles-didentite-numeriques-pour-proteger-les-mineurs-en-ligne/