Imaginez un instant le capital comme un Saturne dévorant ses rejetons. Mais cette fois-ci, ce sont les géants du numérique qui ont retourné la table. Amazon, Google, Apple : voici les nouveaux seigneurs féodaux d’un monde où le profit n’est plus qu’un lointain souvenir.
Fini le temps où le capital se mesurait à la force d’un marteau ou à la puissance d’une machine. Aujourd’hui, le véritable capital réside dans l’immatériel, dans ces algorithmes qui nous scrutent, nous analysent, nous manipulent. Spotify connaît vos goûts musicaux avant même que vous ne les ayez formulés. Amazon anticipe vos désirs de consommation avec une précision chirurgicale. Ces plateformes ne cherchent plus simplement à maximiser des profits, mais à capturer des rentes numériques, une forme de pouvoir économique basée sur la possession des infrastructures technologiques.
Nous sommes devenus des techno-prolétaires, produisant de la valeur à notre insu. Chaque like, chaque commentaire, chaque donnée personnelle est une goutte de sang versée dans l’océan des big data. Nous uploadons gratuitement nos contenus, nous nourrissons des algorithmes voraces, nous contribuons à notre propre aliénation.
L’intelligence artificielle et les technologies numériques, loin de nous libérer, nous enferment dans une nouvelle forme de servitude. Hésiode et Karl Marx l’avaient pressenti: chaque technologie apporte son lot d’opportunités et d’asservissement.
Ce système n’est plus du capitalisme. C’est un hyper-capitalisme prédateur, où les plateformes numériques ne produisent rien de tangible, mais capturent tout : nos comportements, nos désirs, nos intimités. Amazon domine le commerce mondial, Google contrôle l’information globale, Facebook régente nos interactions sociales.
Ces géants technologiques ne sont pas de simples entreprises. Ce sont des acteurs géopolitiques qui dépensent des millions en lobbying, manipulent les données et exercent un contrôle sans précédent. Apple, Amazon, Google et Facebook investissent des millions de dollars en lobbying aux États-Unis, transformant le pouvoir politique en simple instrument de leur domination.
Contrairement au mythe du numérique immatériel, ces infrastructures reposent sur une réalité matérielle massive : des data centers énergivores, des chaînes d’approvisionnement mondiales, une consommation colossale de ressources minérales.
Faudrait il socialiser les infrastructures numériques ? Imaginez Airbnb appartenant aux communautés locales, les données appartenant à ceux qui les génèrent. Un appel à reprendre le contrôle, à réinventer nos rapports au numérique et au capital. Pas une révolution violente, mais une transformation systémique.
Et les cryptomonnaies alors ? Elles incarnent un espoir de démocratisation financière, offrant aux individus un pouvoir économique jusque-là réservé aux institutions traditionnelles. Bitcoin, Ethereum et leurs successeurs ne sont pas simplement des actifs numériques, mais des outils d’émancipation. Ils permettent aux citoyens du monde entier d’accéder à des systèmes financiers sans frontières, contournant les barrières traditionnelles. Dans des pays où les systèmes bancaires sont défaillants, les crypto-monnaies deviennent une bouée de sauvetage économique.
La blockchain, technology sous-jacente, offre plus qu’une simple alternative monétaire. C’est un protocole de confiance décentralisé qui redistribue le pouvoir. Contrairement aux plateformes numériques qui capturent et monétisent nos données, les crypto-monnaies proposent un modèle où l’utilisateur reprend le contrôle.
Alors dans ce nouveau Moyen Âge numérique, sommes-nous les spectateurs ou les acteurs de notre propre aliénation ? La réponse, mes chers techno-serfs, se trouve dans votre prochain clic.