En l’espace de quelques années à peine, TikTok est passé du statut d’application mobile parmi d’autres à celui de mastodonte incontournable du paysage des réseaux sociaux. Lancé en 2016 par l’entreprise chinoise ByteDance, TikTok a connu une croissance exponentielle, pour atteindre le cap du milliard d’utilisateurs actifs mensuels en 2021.
Avec un tel engouement planétaire, surtout auprès des plus jeunes, TikTok s’est imposé comme un phénomène culturel et social majeur de ces dernières années. L’application doit une grande partie de son succès à son format de vidéos courtes, généralement entre 15 et 60 secondes, au contenu divertissant et accrocheur. Ces mini-clips au montage dynamique et rythmé séduisent en premier lieu les adolescents et jeunes adultes, qui peuvent passer en moyenne 52 minutes par jour à visionner et liker ces vidéos sur leur smartphone.
Mais la véritable clé du succès de TikTok réside dans la perfection de son algorithme de recommandation. Grâce à un système d’intelligence artificielle de pointe, TikTok analyse en temps réel les préférences et habitudes de chaque utilisateur afin de leur proposer un fil personnalisé de vidéos correspondant à leurs goûts. Plus l’utilisateur passe de temps sur l’application, plus l’algorithme affine ses suggestions pour maximiser son adhésion.
Derrière cette approche apparemment anodine se cache en fait toute une science comportementale dont le but est d’exploiter certaines vulnérabilités psychologiques des utilisateurs pour les rendre dépendants à l’application. En effet, en procurant des petits shots de dopamine à chaque nouvelle vidéo visionnée, TikTok met en place un cycle de récompense qui pousse l’utilisateur à une consommation compulsive de contenu.
Les Dangers d’une Sur-Stimulation Dopaminergique
Ce mécanisme de dopamine déclenchée par les likes, commentaires et partages des vidéos crée un renforcement positif qui conditionne l’utilisateur à revenir toujours plus fréquemment sur l’application, au risque de développer une véritable accoutumance. Certains spécialistes n’hésitent pas à parler d’un effet de “transformation identitaire” provoqué par un usage immodéré de TikTok. L’utilisateur peut en effet être amené, consciemment ou non, à jouer un rôle exagéré ou artificiel dans le simple but de gagner en visibilité et d’attirer likes et abonnés.
Une Menace Existentialiste pour les Leaders Historiques
Face à la montée en puissance éclair de TikTok, surtout auprès des plus jeunes, les mastodontes historiques des réseaux sociaux que sont Facebook, Instagram et YouTube ne sont pas restés inertes. Conscients de l’attrait que suscitent les formats courts et divertissants mis en avant par TikTok, ils ont rapidement réagi pour contrer cette menace sur leur territoire.
Ainsi, Facebook a lancé les “Facebook Stories” et les “Reels“, permettant comme sur TikTok de créer et partager des vidéos courtes directement dans le fil d’actualité. De son côté, Instagram s’est d’abord doté des “Stories“, puis des “Reels” en 2020, copiant le concept du principal rival. Enfin, YouTube a inauguré les “YouTube Shorts” en 2021, intégrant un flux dédié aux vidéos verticales de 60 secondes maximum.
Pour autant, malgré cette réponse des historiques, TikTok continue d’attirer les nouvelles générations grâce à ses codes simples et immédiats. La plateforme chinoise a le mérite d’avoir fait significativement évoluer les formats et les tendances sur les réseaux sociaux. Mais gare cependant à ne pas tomber dans un usage compulsif de TikTok, dont les rouages algorithmiques complexes peuvent modifier nos comportements et impacter notre psychologie à notre insu. L’addiction n’est jamais loin lorsque l’on parle de réseaux sociaux.